LE GRAND PARDON. Toujours du coté de l'Estaque, Guedigan et ses complices reviennent pour un drame social. Les Anglais ont Ken Loach, nous c'est un Marseillais qui s'en occupe. Et comme le dit si bien Pascal Danel: dans son délire il lui revient, la fille qu'il aimait, ils s'en allaient main dans la main, il la revoit quand elle riait.
Mélo larmoyant et théâtral, dont Guédiguian est coutumier. Ce ex communiste aime bien les prolétaires... vaincus et démoralisés qui pleurnichent sur un passé mythique. Sa propre démoralisation sociale est devenue son fonds de commerce. Il ne prêche pas la lutte et la révolte, mais une sorte de solidarité humaniste entre pauvres. Ses citations répétées de Jaurès sont tout à fait ridicules et invraisemblables dans la bouche d'un militant cégétiste, car il y a longtemps que Jaurés n'est plus une référence dans ce milieu. Tout comme il est inimaginable qu'un couple formé d'un ouvrier soudeur syndicaliste et d'une aide à domicile se demandent s'ils ne sont pas devenus des bourgeois. Le scénario est entièrement téléphoné de A à Z et, quand on a vu la bande annonce, on peut considérer qu'on a vu le film, quelques longueurs et digressions mises à part. Pourquoi les critiques ont-ils donc tant apprécié ce film ? Sans doute par-ce qu'ils préfèrent eux aussi les prolétaires à genoux que debout...
Le premier film de Guédiguian qui me touche. Il avait délaissé son « Estaque » pour s’occuper de la résistance, de François Mitterrand. Il valait mieux qu’il revienne sur Marseille et sur les préoccupations des Français à travers les préoccupations des Marseillais en particulier. On retrouve tous ses fidèles acteurs et actrices et comme à l’habitude, peu importe les noms, les métiers qu’ils portent ou exercent, ces personnages sont vivants, sont ancrés dans une réalité qui parle aux gens, « aux vrais gens », aux petites gens. La précarité, le chômage, le rapport ouvrier patronat est ici surligné avec un nouvel élément : la crise. Pour autant, je suis partagé sur la réaction post agression de Michel et Marie-Claire (Darroussin et Ascaride). Pourquoi ce sentiment de culpabilité ? Pourquoi se poser la question « Sommes-nous devenus des petits bourgeois ? » Que veut nous dire Guédiguian ? Les ouvriers se sont battus, la génération des années 70 s’est battue suffisamment pour mériter un certain confort. Pourquoi le confort serait-il presque dommageable ? Pourquoi la notion de « bourgeois » serait péjorative, voire insultante, culpabilisante ? Enfin, pourquoi se sentir coupable de condamner un jeune homme qui les agresse sous prétexte qu’il est en charge de deux gosses, deux petits frères dont il s’occupent par ailleurs bien ? Comme par hasard. Pour nous culpabiliser, nous les spectateurs ? Le personnage de Meylan, Raoul, et les enfants de Michel et de Marie-Claire raisonnent rationnellement comparés à Marie-Claire et à Michel. Guédiguian nous offrent deux contre-points afin d’en tirer nos propres réflexions même si l’issue nous est imposée. Culpabilité ou solidarité ? Le savoir pardonner, le savoir comprendre ? Les Neiges du Kilimandjaro questionnent et l’on s’aperçoit qu’il n’est pas facile d’accéder au sommet. Enfin, la tirade de Karole Rocher est poignante. A la différence de Michel et de Marie-Claire, elle ne culpabilise pas, elle revendique son droit au bonheur.
On peut reconnaître à Guedigian le mérite de traiter de sujets sociétaux plutôt qu'une énième variation sur la condition amoureuse. Toutefois, j'aimerai être emballé et je reste sur ma faim. Près d'une heure de pellicule sur des barbecues au vin rosé, des anniversaires de mariage, de pique-nique à la plage, c'est long. Du coup, les hésitations que pourraient éprouver les personnages avant de se décider à faire appel à la police, à aller voir les enfants de son braqueur, sont expédiées en 2 minutes. Enfin, si le jeu de Darroussin est impeccable, ceux d'Ascaride et surtout Meylan ne sont pas a la hauteur du projet. Je passe sur l'angélisme du final, à chacun de se faire son opinion... Dommage, le projet était très séduisant mais le résultat n'est pas a la hauteur.
Franchement je n'ai vraiment pas adhéré à la morale de ce film où les victimes culpabilisent, cherchent à se faire pardonner de leur condition et ou les agresseurs sont victimes. N'importe quoi, je suis étonné que ce film atteint presque les 4 étoiles.
Quatre étoiles quand bien même ce dénouement irréaliste mais de vraies choses sont dites dans ce film avec une sensibilité et une lucidité qui m'ont touché. La trajectoire et la conscience de ce couple de quinquas syndicalistes se trouvent chamboulées . Leur système de valeur est mis à rude épreuve après avoir été braqués et quand ils découvre l'identité de leur agresseur. Après la révolte, première réaction normale, ils veulent comprendre pourquoi, seconde réaction moins "reptilienne" et donc plus humaine . Il suffit de deux ou trois scènes à Guediguian pour nous dépeindre le basculement d'un monde qui n'est plus (celui des quinquas) dans celui qui existe réellement , un monde où solidarité et fraternité sont devenus obscènes ou tout simplement inconnus pour ceux auxquels ils s'adressent. La force de ce film c'est de nous poser cette question fondamentale au travers d'une histoire toute simple jouée comme d'habitude à la perfection par Darroussin et A Ascaride. Oui ce film est humaniste car il porte un message d'espoir : celui de pouvoir à notre niveau changer le monde tel qu'il est devenu.
très déçue par ce (télé)film, le seul personnage intéressant c'est Marseille... l'idée de départ est bonne, ça pourrait être intéressant mais j'ai décroché assez vite, à quoi ça tient ? trop de naïveté dans le propos peut être, on ne croit pas à l'histoire... en principe il s'agit d'un crime et dans ce cas comment imaginer qu'en retirant une plainte le voleur pourrait sortir de prison ? dans le film, on sent presque un regret que ce ne soit pas possible... dans quelle société vivrait on ? il suffirait de faire pression sur les victimes et les voleurs pourraient retrouver une vie normale de rapine et d'extorsion ??
Film sur fond de lutte des classes et de syndicalisme dans la ville de Marseille, très humain et très bien interprété. On regrette la fin du film qui rend l'histoire un peu invraisemblable et utopique... Film quand même touchant
Michel et Marie Claire vivent heureux à Marseille entourés de leurs enfants et de leurs amis. La perte d’emploi de Michel, syndicaliste épris de justice sociale, n’affecte que très peu la vie du vieux couple. Jusqu’au jour où deux hommes armés font irruption chez eux et les dévalisent avec violence et humiliation. Bouleversés, ils se retrouvent confrontés ensuite au braqueur arrêtés par les flics. Par ricochet, ce jeune braqueur va les amener à réfléchir à leur propre positionnement humaniste. A réfléchir aussi à l’évolution de leurs idéaux depuis 30 ans, à leur aisance financière et à la manière de rester toujours investi envers les victimes de la société. Guédiguian fait du cinéma populaire son cheval de bataille. Il nous montre avec justesse le trajet humaniste d’un couple de quinquagénaire militant actif et humaniste. La chronique sociale pleine de bonté et de générosité apporte un souffle positif. Cependant le film flirte aussi trop souvent avec un utopisme et une naïveté débordants. Trop de bons sentiments selon moi et l’excuse permanente et bien pensante de toutes les dérives individuelles. Le message : « tout le monde est excusable au vu de son trajet de vie et les responsabilités sont partagées » ; ce message est tout de même à la limite du supportable surtout lorsque des enfants en sont les victimes finales. Dans ce film, seules les victimes (Michel et Marie Claire) portent la responsabilité de toutes les conséquences du braquage. A retenir pour le côté populaire agréable et le fort message humaniste.