Ce qui est bien avec les Dardenne, c'est que je ne peux pas être déçu, du moins j'ai l'impression qu'à chaque fois ils font quelque chose de brillant, bon on pourrait reprocher à leur cinéma de ne pas se renouveler assez, mais avec le silence de Lorna ils avaient essayé, entamant un petit virage dans leur mise en scène, sans se trahir, on est là dans la continuité de se virage.
La mise en scène n'est plus uniquement constituée de longs plans séquences où l'on suit le personnage de dos…
Alors avant de parler de l'histoire, j'aimerai dire un mot sur la mise en scène justement, qui est brillante. Les Dardenne arrivent à maîtriser chaque petit détail, sans pour autant que ça soit lourd de symbolisme. Cette photo très réaliste, sans filtre, à la lumière cru renforce cet impression d'improvisation, mais qui n'est qu'une impression. La gestion du hors champ est absolument géniale. Une véritable leçon.
Mais ça c'est si on s'intéresse spécifiquement à la mise en scène, et il se besoin ne se fait pas sentir pour apprécier cette histoire. Ce gamin possède en lui une part immense de vérité, pour avoir déjà travaillé avec de tels jeunes, on sent que les Dardenne n'ont pas écrit ce personnage au hasard, le rendant colérique pour le rendre colérique. Il a une vraie hargne intérieure qu'il n'arrive pas à calmer. C'est assez beau, parce que dans un sens, pour le spectateur le sentiment est partagé, il n'est pas tout noir ou tout blanc, on a envie de l'aimer, on comprend sa douleur liée à l'absence du père, mais en même temps il est insupportable et nous rappelle aussi ce qu'on était à son âge, parfois têtu, refusant de lâcher prise, même si il faut accepter la vérité car elle en face de nous évidente. Et ça c'est vraiment touchant.
Le dynamisme de ce gosse, cette envie, cette rage, cette violence, le menant à être totalement imprévisible, tout comme le cinéma des Dardenne (je pense à la fin par exemple), on est dans un personnage du même type que Rosetta, un personnage qui en veut.
L'acteur jouant le gamin est formidable, il mérite amplement je pense un prix d'interprétation à Cannes. Jouer si bien, si jeune… c'est limite indécent.
Et Cécile de France en mère de substitution est fantastique, et son personnage l'est aussi, tout ça grâce à une écriture d'une qualité incroyable de la part des Dardenne.
Et voir Renier et Gourmet, même si pour ce dernier ce n'est qu'un caméo c'est vraiment plaisant.
Alors je mettrai juste un petit bémol sur la fin, enfin un bémol, disons que je la trouve plus douce que celle de l'enfant et Rosetta, mes deux films préférés des Dardenne. Alors c'est peut-être lié à l'évolution de leur cinéma, mais dans les deux films que j'ai cité (et dans leurs autres films), la fin survenait comme une catarcie pour le personnage, et donc pour le spectateur. Là, la scène a lieu un peu amont, ce qui fait croire à une fausse fin.
En tous cas c'est je pense mon film préféré de l'année pour le moment.