L'histoire de 17 filles est effectivement extraite d'un fait divers survenu aux Etats-Unis en 2008, dans la ville de Gloucester. Lorsque les dix-sept adolescentes du même lycée ont révélé leur grossesse en même temps, leurs parents ont crié au scandale, accusant entre autres des films comme Juno ou En cloque, mode d'emploi de fournir une image beaucoup trop positive des grossesses en dehors du mariage.
Delphine Coulin et Muriel Coulin interprètent la décision surprenante du groupe d'adolescentes par un manque d'espoir en l'avenir, ainsi que par un désir de devenir adulte immédiatement : "Nos filles ont pris conscience que la vie des adultes, dans leur petite ville, n’est pas très enviable, mais elles ne voient pas ce qui pourrait leur donner une existence trépidante. (...) Elles ont des rêves communs, et hors du commun : elles construisent une utopie. Ces filles idéalistes, que rien n’arrête, décident de se lancer dans une grande aventure, envers et contre tout."
Les réalisatrices Delphine Coulin et Muriel Coulin ont décidé d'adapter cette histoire américaine à leur ville d'origine, Lorient, qui leur semblait parfaite pour illustrer l'utopie et surtout la désillusion des dix-sept filles. Les cinéastes décrivent la ville comme "une cité ouvrière, presque entièrement détruite au cours de la Seconde Guerre mondiale, dont on a cru, dans les années cinquante, qu’elle deviendrait une ville d’avenir."
Pour choisir les dix-sept actrices du film, les cinéastes ont vu près de 600 adolescentes différentes. Le résultat est un mélange d'actrices sans aucune expérience dans le cinéma avec d'autres plus connues, comme Louise Grinberg (présente dans Entre les murs), Roxane Duran (Le Ruban blanc) et Esther Garrel, sœur de Louis Garrel et fille du réalisateur Philippe Garrel, que l'on a pu voir récemment dans L' Apollonide - souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello.
Roxane Duran confie que le groupe d'actrices s'est senti beaucoup plus en confiance du fait d'être constamment en présence d'au moins cinq autres filles, parce que l'idée d'être seules sur le plateau représentait, pour les comédiennes, "l'angoisse, l'horreur !".
En ce qui concerne les choix esthétiques de 17 filles, les cinéastes ont demandé au directeur de la photographie Jean-Louis Vialard, qui a déjà travaillé avec Apichatpong Weerasethakul et Christophe Honoré, de construire la lumière en passant du très naturel au plus saturé, un peu comme dans l'univers d'un conte. L'ingénieur du son Olivier Mauvezin et le mixeur Jean-Pierre Laforce devaient composer les voix des dix-sept filles, souvent regroupées dans l'image, avec la "présence obsédante de la mer", très bruyante en Bretagne.
17 filles est le premier long-métrage de Delphine Coulin et Muriel Coulin, après cinq courts-métrages signés par le duo : Seydou (2009), Roue Libre (2002), Germain (2001), Souffle (2000) et Il faut imaginer Sisyphe Heureux (1996). Par ailleurs, Delphine Coulin est également romancière, tandis que Muriel Coulin est réalisatrice de documentaires.
En plus de tourner leur premier film dans leur ville d'origine, les réalisatrices et sœurs Delphine Coulin et Muriel Coulin ont décidé de n'engager, pour les assister au tournage, personne d'autre que leurs propres parents.
Ce film a été présenté lors de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2011, et il a remporté le prix Michel d'Ornano, attribué au meilleur premier film français de l'année, au Festival de Deauville 2011.