FRAICHEUR ET INCONSCIENCE : « 17 filles » c'est cette folle histoire d'une bande d'adolescente, en mal d'elle-même, à la recherche d'un rêve qui probablement n'existe pas mais qu'elle recherche quand même, envers et contre tout, c'est beau, c'est rafraichissant, c'est vivant mais au final c'est vain, tellement vain. D'abord, pour le film en lui-même, c'est plutôt rythmé et prenant malgré de grosses périodes creuses, un peu molles et une mise en scène peu inspirée. Mais là n'est pas ce qui compte, « 17 filles » est de ces films qui s'imposent par la force de leur sujet et non de leur qualité artistique intrinsèque. Il y a dans l'histoire, tout le drame de la vie débutante de ces jeunes filles de province, égarées, désireuses d'un idéal, d'un but tout autre que celui qui leur est promis, que celui qu'elles ont en face d'elles par le biais de l'image des parents, pauvres rustres frustrés de leur médiocrité itinérante... Donc d'un côté il y a cette folie de la jeunesse, cette envie/pulsion de retracer les limites, les repousser, de s'ériger loin des convenances, des chianteurs d'adultes à deux balles, un vrai souffle de vie (?) avec ces jeunes filles en fleurs, toutes d'ailleurs incarnées par des actrices formidables. Et de l'autre côté, il y a en tout premier lieu, la masse des adultes qui pensent connaître la vie, qui la connaissent sans doute et qui condamnent partialement, un peu stupidement, épris qu'ils sont des œillères que leurs yeux ne peuvent retirer, l'attitude des jeunes femmes. C'est que ce vent, ce transport de liberté est propre à effrayer les gens pour qui le monde n'a plus rien à offrir.. Et puis au milieu de ça, il y a le choix des réalisateurs de ne pas prendre de vraie parti-pris, d'exposer une situation et à nous d'en démêler les tenants et les aboutissants, les vérités, si elles existent : ainsi on en vient à se demander si il n'y a pas dans ce désir d'émancipation un autre enfermement, d'une autre forme qu'elles ne sont pas capables de percevoir mais qui, évidemment, tombera sur elle comme l'enclume sur la coquille fragile et immobile. Car oui, un enfant à 16-17 ans c'est irresponsable, mais le problème n'est pas là, le soucis, c'est leur vision des choses trop erronée, trop restreinte et que fumer et conduire et baiser et crier n'est en rien un gage d'anticonformisme... Finalement je sors très mitigé, convaincu par ce bol d'air frais et un peu abattu par cet espoir coupé au vif, impropre à la survie dans un monde hostile... A souligner une bande son de qualité, ça bouge, ça fait du bien de bon matin...