17 Filles est un film qui, selon moi, tire toute sa force de son esthétique et non de son scénario.Le regard que les réalisatrices arrivent à porter sur le monde de l'adolescent de notre époque, torturé entre l'excès des éléments de l'enfance et pourtant la dure réalité physique du corps humain (et en particulier celui de la femme), m'a paru très descriptif, presque naturaliste. On nous montre aussi bien des éléments nécessaires au fonctionnement de la narration que des détails annexes, on s'égare beaucoup, et c'est cette vision très large de l'histoire et de son contexte qui fait le charme du film. On embrasse vraiment l'univers du film par ce foisonnement de détails, malgré le détachement ou le point de vue très distant de la caméra que d'autres spectateurs aient pu ressentir.De plus, on s'identifie très vite aux personnages du film. Le jeune public (je m'inclus dedans) reconnaît très bien les caractères que l'on a tous côtoyé au lycée, et l'aspect "cliché" ou stéréotypé des personnages ne m'a pas paru excessif. Je pense au contraire que le film aurait perdu de sa force si ses protagonistes avaient été trop singulières. Et puis zut, on a tous à peu près fait les même choses et partagé les mêmes envies lorsqu'on était ado ! Je trouve d'ailleurs ça très positif qu'un long métrage de cette envergure accepte la réalité de l'adolescence, sans la tourner en dérision facile façon "les beaux gosses" (un autre chef d'œuvre dans son genre, lui aussi).Je comprends la déception de ceux qui se sont trop attachés au scénario. La fin n'est en effet pas trasncendante, et les péripéties de l'histoire sont, somme toute, la plupart prévisibles. Mais ce n'est pas sur cet axe que ma sensibilité s'est focalisée... je l'ai déjà dit, le regard et l'esthétique, par contre, frappent vraiment très fort. Le petit génie de ce film est donc, à mon avis, cette "perturbation" que les auteurs effectuent sur notre souvenir de lycéen. On se demande : "la vache, et si ça m'était arrivé ?", on replonge dans notre propre passé, pas si lointain, et on en extrait des situations imaginaires : on rattache l'histoire à nos propres expériences, fantasmes, nos anciens amis, nos premières rencontres.