Et voilà que tout d'un coup, un certain Jeff Waldow massacre le travail de Matthew Vaughn, pourtant assis pour l'occasion dans le siège de producteur. Oui, la suite du formidable et divertissant Kick Ass n'aura donné lieu qu'à un florilège de mauvais goût, le rafraîchissant opus initial étant devenu un bien mauvais teen movie, grossier aussi bien dans les dialogues que dans la qualité de la mise en scène. Si précédemment, l'arrivée de Kick Ass en ville était synonyme de rafraîchissement mentholé, voilà que le bonhomme entraîne avec lui toute la lourdeur de son nouveau postulat, un héros raté qui en oublierait presque ses exploits passés. Une bande de nuls face à une autre bande de nuls, ou seul Jim Carrey et Chloé Grace Moretz sortent un tant soit peu du lot, et encore. La jeune fille, qui était la cerise sur le gâteau du premier volet, n'est ici que l'ombre d'elle même, n'ayant plus qu'à user de toutes les grossièretés du monde pour vaincre l'ennui.
Soyons clairs, c'est ici en grande partie au directeur que l'on doit le fiasco. Non seulement indigne de succéder à l'excellent metteur en scène britanique, Jeff Wadlow ne parviendra même pas à offrir une seule scène d'action digne de ce nom, dont l'apothéose du mauvais goût se confirmera lors d'une séquence bruyante et d'une qualité visuelle discutable ou Hit Girl se bat sur le toit d'un fourgon. Alors que Vaugnn s'était appliqué à mêler les genres, du teen movie au polar en passant évidemment par le registre des super-héros, ce deuxième film ne démontre qu'un maigre esprit d'écriture, le tout étant bien sûr voué à faire du chiffre.
Une certaine déception prédomine inlassablement au fil du visionnage tant les personnages niais affluent à l'écran, la palme revenant au méchant navrant du moment, Christopher Mintz Place. D'un nom d'aussi mauvais goût que son comportement, rien ne laisse penser que l'on ne puisse rivaliser ici avec Mark Strong, mafieux de l'opus initial. Grand méchant contre super-héros, soit une bande de bras cassés face à une bande de moins que rien dont seul le leader et son chien parviennent à entretenir une esquisse de sourire. Hit Girl est quant à elle à la rue, d'abord hors de l'équation dans une manœuvre navrante voulant l'inclure au monde vachard des lycéennes. Bien maigre développement d'un personnage qui était jadis culte.
Un ratage complet, un film qui n'est jamais digne de succéder à son grand frère, l'une des surprises de divertissement de ces quelques dernières années. Mauvais dans son traitement, mauvais dans sa mise en scène, mauvais presque en tout. Une drôle de vision du cinéma qui ferait presque passer American Pie pour une film de lettre, c'est dire. Si le final annonce bien évidement une suite, osons ésperer qu'un vrai metteur en scène s'y atèle et que l'on ait cette fois-ci quelque chose à raconter qui ne soit pas anecdotique. Passons à autre chose, la tête basse. 05/20