Qui d’autre, à part le maître des thrillers glauques et oppressants qu’est David Fincher, pouvait se frotter à l’adaptation américaine du best-seller Millénium de l’écrivain suédois Stieg Larsson ? Personne. Et le réalisateur de Seven et Zodiac, grand habitué de ce genre de thriller, tente donc de mêler son style et sa mise en scène à l’histoire passionnante du roman de Larsson. Et donc forcement, comme l’annonçaient les bandes-annonces, Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes est un superbe thriller signé d’une main de maître par David Fincher. Mikael Blomkvist, brillant journaliste d’investigation, est engagé par un des plus puissants industriels de Suède, Henrik Vanger, pour enquêter sur la disparition de sa nièce, Harriet, survenue des années auparavant. Vanger est convaincu qu’elle a été assassiné par un des membres de sa propre famille. Parallèlement, Lisbeth Salander, jeune femme rebelle mais enquêtrice exceptionnelle, est chargée de se renseigner sur Blomkvist, ce qui va finalement la conduire à travailler avec lui. Entre la jeune femme perturbée qui se méfie de tout le monde et le journaliste tenace, un lien de confiance fragile va se nouer tandis qu’ils suivent la piste de plusieurs meurtres. Ils se retrouvent bientôt plongés au cœur des secrets et des haines familial, des scandales financiers et des crimes les plus barbares. Sorti trois ans après la version suédoise mise en scène par Niels Arden Oplev et qui a permis de révéler l’actrice Noomi Rapace, cette version américaine du best-seller Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes de Stieg Larsson signée par le king David Fincher est un thriller fascinant, aussi bien dans son scénario mélangeant deux enquêtes ainsi que l’ouverture d’une jeune femme à la société, que dans sa réalisation, juste démente avec un générique culte, une superbe photographie, un excellent montage et une parfaite maîtrise de la lumière. Fort à l’époque, et je le pense vraiment, d’une promotion assez intelligente et prenante avec une première affiche osée montrant la poitrine de l’actrice Rooney Mara, un trailer exceptionnel de huit minutes, des affiches très graphiques, une promo virale géniale,… Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes faisait très bien parler de lui et donnait diablement envie d’aller le voir au cinéma. Et le film fut donc un succès avec 102 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis, de quoi rembourser son budget d’environ 100 millions de dollars, et il termina sa course avec plus de 230 millions de dollars empochés dans le monde et totalisa également 1 236 462 entrées en France. Il est vrai qu’on pouvait se demander de l’utilité d’un remake américain du premier Millénium, la fameuse version suédoise apparemment très réussie, que je n’ai pas vu désolé, qui fut aussi un succès et permit à la trilogie littéraire de Stieg Larsson d’acquérir une plus grande notoriété. Mais finalement ce remake était franchement une bonne idée car l’homme qui se tient derrière la caméra était destiné a mettre en scène cette histoire et il n’est autre que le roi incontesté du thriller contemporain, j’ai nommé, monsieur David Fincher. Avec Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes, le brillant réalisateur américain signait sa neuvième réalisation en 2012. Je tiens à dire que j’ai trouvé le film très réussit mais le seul problème que je pourrais lui reprocher n’est en fait pas dedans mais plutôt dans son contexte de sortie. Quand je pense à Millénium adapté par David Fincher au cinéma, je me dit tout de suite : chef-d’œuvre et œuvre majeure de sa filmographie. Je voulais voir un chef-d’œuvre mais malheureusement je ne l’ai pas vu, seulement une démonstration évidente de l’incroyable talent du réalisateur. C’est comme si David Fincher nous livrait un film en mode décontracté, un film presque mineur dans sa filmographie qui amène tout de même a réfléchir mais pas plus car je n’ai pas été surpris tant que ça devant les dénouements principaux de l’intrigue. En fait Millénium est un « movie », le nom que donne le réalisateur aux films divertissants et à l’inverse il appelle « film », ceux qui amènent à réfléchir. Mais revenons à nos moutons. Le fait que le film soit sorti après l’adaptation suédoise et que le bouche à oreille est tellement bien fonctionné, cette ambitieuse adaptation de David Fincher du roman de Stieg Larsson nous apparaît alors classique dans son histoire car étant soi-disant ultra-fidèle au livre, à la virgule prêt paraît-il. Ou alors c’est peut-être le fait que le réalisateur est trop traité d’histoire de tueurs en série psychopathes, qui sont devenues des références dans le genre, et qu’on s’est trop habitué aux codes de mise en scène et de narration de ce genre d’histoire ? Mais hormis ce petit problème, nous avons du Fincher pur à 100% ! Une telle histoire aussi complexe avec deux enquêtes dont une avec un serial killer, une scène de viol choc, une ambiance froide, glauque et une violence parfois extrême, ne pouvait être mise en scène au cinéma que par David Fincher, l’homme du dément Seven, de l’impressionnant Zodiac, du magnifique The Social Network et de la brillante série politique House of Cards. Ce que j’aime chez David Fincher c’est son soucis du détail, le film est incroyablement bien raconté, monté, dirigé, réalisé,… bref la totale. Remarquez, le réalisateur à la réputation d’être très exigeant sur ses tournages. Et les films qui en ressortent sont tous aussi déments les uns que les autres, regardez seulement Zodiac et vous verrez ce soucis du détail du metteur en scène dans la passionnante enquête menée par le jeune journaliste pour arrêter le tueur fou. Mais ce que j’adore chez ce réalisateur c’est l’ambiance qu’il arrive à faire dégager d’un film qui est à la fois sombre, froide, glauque et angoissante. Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes correspond parfaitement au style de David Fincher, notamment avec cette fameuse lumière jaune pâle qui contribue à l’esthétique du film. Et autre point fort de la mise en scène de ce remake, qui est juste parfaite, c’est le générique de début, tout simplement à tomber par terre. Conçu par Tim Miller et sous le son de la musique « Immigrant Song », une reprise de la version de Led Zeppelin, par Trent Reznor et Atticus Ross accompagnée de la voix de Karen O, le générique plonge le spectateur directement dans l’ambiance noire et glauque du film. Avec des images punk, noires, sadiques parfois, cauchemardesques voire anarchistes, le générique de Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes est instantanément culte, confirmant ainsi le talent de David Fincher pour introduire ses histoires. Après le générique poisseux et dérangeant de Seven, le générique survolté de Fight Club, voici le générique cauchemardesque de Millénium version David Fincher. Finalement ce film est une sorte d’anti-James Bond car possédant un générique, une histoire de serial killer traqué non pas par un agent secret mais par un journaliste et qui fait équipe avec une hackeuse, des scènes de rebondissements géniales, et surtout Daniel Craig, alias 007 pour tout le monde désormais, dans le rôle de Mikael Blomkvist. Et il est vrai que si le film est aussi réussit c’est bien grâce à ses acteurs et surtout grâce au duo formé par Daniel Craig et Rooney Mara. Alors certes, Daniel Craig se retrouve ici dans une enquête moins explosive que dans un James Bond, mais l’acteur est très convaincant en journaliste d’investigation, voire même excellent et rentre parfaitement dans son rôle. Et ensuite vient la glaçante mais épatante Rooney Mara, actrice inconnue du grand public à l’époque, seulement connue pour avoir largué Mark Zuckerberg dans The Social Network de notre cher David Fincher. D’abord pensée pour Scarlett Johansson, le rôle de l’iconique Lisbeth Salander fut donc attribuer à Rooney Mara, qui livre sans doute l’une de ses interprétations les plus mémorables, elle fut nommée à l’Oscar de la Meilleure actrice pour ce rôle ! Je pense qu’elle se hisse aux côtés de Noomi Rapace dans le rôle, voire même la fait oublier qui sait. En conclusion, Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes est un très bon film de David Fincher, avec une mise en scène de très grande qualité, un scénario captivant et des acteurs excellents. Mais malheureusement le film n’est pas un pilier de la filmographie du réalisateur selon moi, j’aurais aimé vraiment, mais seulement un long-métrage qui démontre tous le talent et le style d’un David Fincher en très grande forme et qui est franchement un des plus grands réalisateurs du Septième Art.