Dans un thriller, la gestion du rythme est quelque chose de primordial pour maintenir tout suspense et tout intérêt. Ici, il est évident que Millénium est bien trop long. (Déjà, un générique à la James Bond qui dure 3 minutes et qui n'a rien à voir avec l'esprit du film.)
La rencontre entre Daniel Craig et Rooney Mara, qui permet ENFIN de lancer le film, intervient après 1h15 (!). Avant cela, on suit leur parcours chacun de leur côté. Si le parcours de Craig permet d'introduire les différents éléments de l'enquête, celui de Mara est complètement inutile et est censé construire le personnage. Femme rebelle, solitaire, au look gothico-punk qui a un lourd passé psychologique, et qui se fait violer par celui qui l'aide : c'est cliché, c'est niais, c'est lourdingue, mais surtout ça n'influence l'histoire à aucun moment. La scène de vengeance dans la chambre est juste grotesque.
Fincher perd également trop de temps avec son intrigue secondaire dont on se moque complètement. Le journal Millenium, la diffamation, la vengeance, ect... Abrège mec, c'est un thriller, pas un film politique censé dénoncer quoi que ce soit.
Maintenant, l'histoire. Alors autant le dire tout de suite, je n'ai pas lu les livres ni vu la trilogie originale. Mais ce que je retiens de cette adaptation de Fincher, c'est que cette histoire de meurtre à l'intérieur d'une même famille n'est pas des plus intéressantes.
A moins de n'avoir jamais vu de thriller ou des Hitchcock, faut vraiment être aveugle pour ne pas se douter de l'identité du "tueur" (je mets "tueur" entre guillemets volontairement), car Fincher ne nous épargne rien.
Il met un temps fou à nous présenter chaque membre de la famille, alors que certains n’apparaîtront pas du film, d'autres furtivement, et d'autres, au contraire, seront presque omniprésents à l'écran.
Prenons Martin Vanger, par exemple. Déjà, on le voit tout le temps, ça nous oriente. Et comme par hasard, c'est lui qui insiste à tous les coups pour que l'enquête soit faite au plus vite, histoire que tout soit réglé. Bon, là je me dis que Fincher se fait vraiment insistant, il nous mâche le travail. Le twist final n'offrira donc aucune surprise, car il s'agira bien de lui. Mais non, attendez, c'est pas fini. Dans un dernier élan, Fincher parvient à se rattraper en nous offrant un tout dernier retournement de situation à propos d'Harriet. Là, j'avoue, je ne m'en serais pas douter, bien joué l'ami, tu sauves ton film.
Bon alors, pourquoi lui mettre la moyenne ? Pour l'ambiance, suffisamment noire et glauque, pour cette Suède bien singulière, pour les quelques moments de suspense (avec les fameuses musiques rapides et stressantes en arrière-plan, à coup de "boom, boom, boom, boom..."), pour les quelques bonnes trouvailles durant l'enquête (notamment les négatifs de photo, bien vu), pour la mise en scène, certainement la meilleure qualité de Fincher, et enfin pour la galerie de personnages, originale et pas banale.
Si David Fincher avait réduit son film d'une bonne demi-heure, il serait allé à l'essentiel et nous aurait épargné un bon nombre de scènes qui viennent parasiter le bon déroulement de l'histoire (déjà pas très passionnante en soi, faut le dire). Le film serait plus condensé, le suspense plus oppressant, et on n'aurait pas le temps de se poser une tonne de questions entre deux bâillements. Une déception.