Avant d’être repris par Edward Zwick, le script était au cœur de la "Black List", la fameuse liste noire qui, chaque année, recense les meilleurs scénarios en attente à Hollywood.
Avant d’incarner le rôle de Bobby Fischer dans Le Prodige, Tobey Maguire a interprété Spider-Man dans la lucrative trilogie de Sam Raimi. Liev Schreiber, qui a enfilé le costume du champion soviétique Boris Spassky, le Némésis de Fischer, avait joué quant à lui le rôle de Dent de Sabre dans X-Men Origins: Wolverine.
Le tournage du film a duré 41 jours et s'est déroulé dans plusieurs pays tels que le Canada, l’Islande et les États-Unis. Il a été diffusé en avant-première au Festival international du film de Toronto en 2014.
Les droits de diffusion du film aux États-Unis ont été acquis le 10 septembre 2014 par la société de distribution Bleecker Street, et ce fut la toute première acquisition de la compagnie qui a été fondée en août 2014.
Edward Zwick a toujours été fasciné par des évènements historiques sortant de l'ordinaire et il avait déjà de l’expérience dans la réalisation de longs-métrages dépeignant la vie d’hommes hors du commun. Il a tourné Glory en 1989, un métrage sur le premier bataillon d'Américains d’origine africaine durant la Guerre de Sécession ainsi que Le Dernier samouraï, film qui est partiellement inspiré d'une rébellion japonaise en 1877 et de l'histoire de Jules Brunet, un vétéran de l’armée française, avec Tom Cruise dans le rôle principal.
La vie de Bobby Fischer a donné de l’inspiration et des idées à beaucoup d’artistes de par le monde. Une comédie musicale, Chess, s’est inspirée librement du championnat du monde de 1972. Plusieurs groupes de musique métal et rock lui ont consacré des chansons. De nombreux documentaires ont été réalisés sur la vie du célèbre joueur d’échecs. Le film À la recherche de Bobby Fischer a employé le nom du prodige dans son titre, alors qu'il avait en fait pour sujet la recherche d’un nouveau talent dans le monde des échecs. Fischer s'est plaint de l’exploitation de son nom en 1997.
Á l’âge de seulement quinze ans, Bobby Fischer était devenu le plus jeune champion des États-Unis ainsi que le plus jeune candidat de son pays pour les championnats du monde. En 1964, alors qu’il n’avait que vingt ans, il gagna les championnats d’Amérique du Nord avec un score parfait, le seul à l’avoir fait dans l’histoire des échecs. À l'issue d'un match mémorable en Islande, surnommé le match du siècle, autant pour les parties que pour les péripéties hors compétition (menace de Fischer de ne pas participer ou l'absence de contact avec le public), il devint champion du monde à l'été 1972, en battant le Russe Boris Spassky, le champion du monde sortant. Depuis 1975 et l'abandon de son titre par forfait, sa personnalité bascula dans une paranoïa grandissante : il accusait notamment les juifs et les États-Unis de comploter contre lui.
Bobby Fischer suivait les enseignements de l'Église universelle de Dieu, une secte qu’il côtoyait depuis les années 70. Elle interdisait notamment l’usage de médicaments et lorsqu'en 2007, ses problèmes urinaires commencèrent à être douloureux, il refusa de suivre une dialyse pour nettoyer son sang. Fischer mourut à 64 ans à Reykjavík en Islande, la ville où il avait gagné son titre de champion du monde 35 ans auparavant.
Le Prodige s’inscrit dans une longue lignée de films sur les échecs. La fièvre des échecs, montrait déjà en 1925 l’importance et la place de ce jeu dans la culture du peuple russe. La Diagonale du fou, film franco-suisse tourné en 1984, mettait en scène l’histoire d’un match entre deux champions d’échecs, l’un représentant l’Occident, l’autre le bloc soviétique. En 2010, le documentaire Bobby Fischer Against the World avait déjà marqué les esprits sur la vie chaotique du célèbre champion.
Quand il était plus jeune, Edward Zwick jouait aux échecs et en 1972, il ressentit la montée de Bobby Fischer et la ferveur autour de son match contre le soviétique Boris Spassky, ce qui lui donna bien des années après l'idée d'en faire un film.
Pour incarner fidèlement le personnage extravagant de Bobby Fischer, Tobey Maguire a dû lire une quantité énorme de livres sur les échecs et il s’est entraîné avec les plus grands champions américains. Pour mieux comprendre la psychologie de Fischer, il a rencontré et discuté avec les proches du prodige. L’acteur a même produit en partie le film à travers sa société de production Material Pictures.
À l’approche du match du siècle contre le soviétique Boris Spassky, Henry Kissinger, à l’époque conseiller à la Défense nationale, a lui même téléphoné à Bobby Fisher afin de le convaincre de disputer ce match. Le président américain de l’époque, Richard Nixon, a appelé le prodige après sa victoire et lui a proposé de venir dîner à la maison blanche. Cependant cette rencontre n’a pas eu lieu car les conditions de la venue du joueur d’échecs étaient trop extravagantes.
Le titre original du film, Pawn Sacrifice renvoie à la manœuvre classique aux échecs qui consiste à sacrifier son pion de base, mais fait aussi référence à la vie de Fischer qui a sacrifié sa vie personnelle et sa santé mentale pour gagner le championnat du monde. "Parfois, un joueur sacrifie son pion dans l’intérêt supérieur du jeu, et d’une certaine façon, c’est ce que Bobby a représenté au cours de ce tournoi : il a été un pion au cours d’une partie d’une immense importance, sacrifié par les puissances internationales. C’était quelqu’un de très instable émotionnellement, et s’il avait été soigné il aurait certainement été plus heureux mais il n’aurait probablement pas pu gagner le championnat du monde d’échecs", commente le scénariste Steven Knight.
Pour interpréter le rôle de Boris Spassky, Liev Schreiber a dû jouer toutes ses scènes en russe, langue qu’il ne parlait pas. Pour cela, il a dû suivre un entraînement intensif avec un professeur de langue russe pour répéter ses répliques et avoir le bon accent. "Le russe m’a plus intimidé que les échecs. J'imagine qu’Ed s’était mis en tête que je le parlais couramment en raison de ma prestation dans Les Insurgés. Jouer dans une autre langue est très déconcertant et il a été difficile de ne pas penser comme un Américain", explique l’acteur.
Le réalisateur Edward Zwick et son directeur de la photographie Bradford Young ont choisi de tourner en utilisant des formats représentatifs de différentes époques. Ainsi, Young affirme : "Nous avons tourné environ 80% du film en numérique mais nous avons également utilisé de la pellicule. Nous avons tourné en Super 16, en Bolex, en noir et blanc et en inversible. Nous avons procédé ainsi pour restituer les différentes époques du film qui se déroule sur une longue durée. Nous nous sommes dit que nous serions plus proches de la réalité si nous nous servions des mêmes pellicules qu’à l’époque où le film est censé se dérouler."
Pour retranscrire l’époque et montrer le milieu des échecs le plus fidèlement possible, l’équipe a employé les grands moyens pour retrouver tous les objets et endroits les plus représentatifs de la vie de Bobby Fischer. En témoigne un hôtel de Reykjavik dans lequel Fischer a séjourné en 1972 : "On y a trouvé le jeu d’échecs original, signé par Boris Spassky et Bobby Fischer. On a fait reproduire les chaises sur lesquelles ils s’étaient assis par la société Herman Miller. Et comme elles sont fabriquées différemment de nos jours, on leur a fait faire exprès quatre chaises qui sont exactement celles dont Bobby et Boris s’étaient servi à l’époque", raconte la productrice Gail Katz.