Pawn Sacrifice (2014) (Le Prodige) [<- encore un titre français qui perds son sens]
Bobby Fischer révèlera dès sa jeunesse un talent particulier pour le jeu d’échec. Nous sommes en période de guerre froide, mais son seul objectif est de combattre le russe Boris Spassky, le champion du monde.
L’histoire se concentre sur Bobby, avec son esprit troublé et ses tendances paranoïaque. Très tôt son talent sera aussi haut que le sera son manque de patience, son manque de sympathie et de compassion pour ses proches. Son envie et sa passion pour les échecs seront maladifs, poussées par des pulsions, des Tocs et des crises. Il montrera des signes d’égoïsme important, délaissant et ne tenant pas compte des sentiments de l’avocat Paul Marschall ou de Bill Lombardy, son assistant. Le personnage n’est pas amical, pourtant il reste intéressant dans sa course vers le combat, le duel ultime et parfait à ses yeux. Ce seront des coups de jeu, parfois un échange durant une partie qui aurait sa place dans un musée, et cette recherche, cette poursuite est une force positive qui conduit l’histoire.
Tobey Maguire interprète Bobby Fischer et j’ai trouvé qu’il était très convaincant, avec un jeu pointu et soucieux du détail. Il faisait attention à sa posture, aux moindre petits gestes, aux regards nerveux, observateurs et par moment sur la frontière de la folie. Il donnait beaucoup de force, de la sensibilité mais pas assez de subtilité sociale (dû à l’écriture du personnage). En tout cas, je voyais le personnage de Bobby, pas l’acteur. Très bon point.
Liev Schreiber incarnait bien Boris Spassky. Il donnait une attitude sereine et calme face aux envies enfantines de Bobby, transmettant une présence et de la réflexion.
Michael Stuhlbarg et Peter Sarsgaard étaient bon, mais leurs personnages étaient trop peu développés. On voyait que le comportement de Bobby leurs était insupportable, mais nous ne voyons pas réellement comment ils réagissaient, quels étaient leurs background.
Il en va de même pour l’intrigue concernant le jeu de pouvoir entre les deux nations rivales, les deux joueurs devenant des hérauts, des représentants mais restent finalement de simples pions aux mains des puissances (d’où le titre en anglais).
Également dommage que le
troisième acte, bien qu’excitant, ne perde légèrement de punch sur la fin
.
Le film utilise un enchainement de plan qui permet de gagner en profondeur et de construire du volume aussi bien autour de l’échiquier, que pour illustrer les phases et l’humeur changeant de Bobby. On ne s’embête et on est happé dans le conflit.
Un film bon et intéressant.
7/10