Avis sur The Third Nail

The Third Nail est un film visiblement totalement inconnu. Même sur l’IMDB il est difficile de trouver la moindre critique à son sujet, le moindre avis, comme si personne ne l’avait vu ! Pourtant au casting deux noms assez connus : Charles S. Dutton et Chloe Grace Moretz.
Le film sur le papier ressemble à un métrage d’action violent à l’intrigue ultra-basique. Ça promet de la vengeance, et de l’action bourrine. Mais en fait non ! Pas de Seagal au loin, ni de Van Damme, et on tient donc un film qui est réellement beaucoup plus drame que métrage d’action. Et honnêtement, le résultat, bien qu’inégal est loin d’être infâme, et en tous les cas, dans un registre approchant, c’est très au-dessus de Que justice soit faite avec Butler.
Le rythme est certes assez lent, et la partie « prison » du film n’est pas spécialement attrayante. Elle participe certes de l’histoire, mais je l’ai trouvé mal utilisée, et à la limite le scénario aurait pu s’en passer avec quelques aménagements qui auraient donné plus de punch à l’ensemble, et l’aurait recentré sur le véritable centre d’intérêt du film. Trainant un peu dans sa première partie, reste que The Third Nail, par son approche réaliste et terre à terre d’un sujet grave (la perte d’un enfant) surprend, et se montre d’une certaine finesse. Sombre sans tomber dans le pathos facile, il y a de l’émotion, de la profondeur, et le film évite aussi un autre écueil : celui de la vengeance grandiloquente. Aussi le final aura tout de même de quoi réserver quelques surprises sans être totalement inattendu. Honnêtement, en dépit de ses baisses de régime et d’un scénario pas toujours pleinement tenu, la sobriété du métrage le rend singulier et donc curieux dans son genre.
Le casting est donc dominé par deux stars, qui ne sont toutefois pas aussi présentent que cela. Moretz campe la petite fille qui disparait, et sa prestation consiste donc à nous rendre très triste de sa disparition. Ce qu’elle arrive forcément à faire. Dutton pour sa part hérite d’un personnage secondaire assez important, et il en impose toujours autant. Brillant travail d’acteur, lequel me semble malheureusement souvent sous-utilisé dans ses métrages. Mais le rôle principal revient à Huntley Ritter, lequel ne décolla pas vraiment niveau carrière. Dommage. Il s’en sort réellement pas mal, et j’ai même trouvé qu’il gagnait en assurance avec son personnage au fil du film, parvenant à le rendre réellement attrayant dans la dernière partie.
Sur la forme, je ne vais pas trop en dire. Le film a choisi une esthétique très sobre, comme son scénario. Peu d’effets visuels, une photographie neutre, des décors d’une grande banalité, probablement pour nous plonger davantage dans ce côté « quotidien » et « réaliste » cultivé par le réalisateur. Si le film paraitra un peu plat, j’ai trouvé le choix pertinent et efficace. Pas de surenchère de violence non plus, et une bande son calme et discrète finissent de donner à The Third Nail une saveur assez neutre. Pour ma part, à ce niveau c’est l’anti-Que Justice soit faite, et si le résultat a des défauts, c’est tellement plus intelligent et maitrisé.
En vérité, The Third Nail ne m’attirait pas spécialement, et le début du film me laissait envisager une sorte de téléfilm assez quelconque. A la fin du visionnage il ressort que le réalisateur offre un métrage plus subtil que prévu, et fait avec réflexion. Il y a des maladresses comme je l’évoquais, et le film aurait pu être plus fort, plus intense, plus sensitif, surtout s’il s’était plus resserré sur le duo Moretz-Ritter, mais enfin, ça fait plaisir de voir ce genre de résultat, sur un thème très propice au film de vengeance très basique et bourrin. 3.5