C’est une excellente réalisation, en revanche elle ne me suscite pas plus d’exaltation que ça. C’est un film biographique modeste, sans prétention et sans artifice. La soundtrack est très peu présente, il n’y a pas vraiment d’effet de caméra mais plutôt des plans assez classiques. À part quelques back-lightings très esthétiques, la seule marque artistique est en effet la teinte froide du film, plutôt déprimante et dégageant une atmosphère très sérieuse et morose, sans aucune fantaisie comme l’était le personnage d’Edgar. Mais pourtant le film reste dynamique grâce aux flash-backs qui le régissent, il est très intéressant et permet une reconstitution historique sur une grande période avec tous les événements marquants des années 20 jusqu’aux années 70. En effet l’alternance du présent et du passé permet de ne pas en dévoiler trop vite, et de faire un parallèle avec son « lui » passé et son « lui » futur, nous montrant que son acharnement et ses convictions maladives restent les mêmes jusqu’à la fin. Clint Eastwood est là pour conter avec objectivité l’histoire du célèbre J. Edgar Hoover et rien d’autre, en mettant en avant tous les mystères de cet homme controversé. Pour ma part Edgar reste le défenseur de la justice le plus hypocrite et pathétique de tous, un homme autoritaire, sévère et rigide. Si ses intentions ont un jour étaient bonne, il s’est pour sûr perdu dans sa lutte en agissant contre la loi, en utilisant des techniques mesquines de chantage et d’espionnage pour arriver à ses fins « -Le président a signé une ordonnance secrète m’accordant plein pouvoir pour surveiller, surveillance secrète bien sûr, les communistes et les radicaux sans jamais avoir à me justifier -C’est légal? -Il faut parfois faire une petite entorse à la règle pour assurer la sécurité de son pays non?». Malgré son mépris pour les criminels, il ne valait pas mieux qu’eux, ce n’était qu’un frimeur à la recherche d’estime et d’admiration, et non l’honnête justicier qu’il prétendait être. Néanmoins il a consacré sa vie aux États-Unies et ça on ne peut pas lui enlever, je suis obligée d’admettre que cet homme a changé le cour de l’histoire des États-Unies, jouant un rôle indispensable contre la révolution rouge, la résolution de la tragique affaire du bébé Lindbergh entre autre ou l’élaboration de nouvelles lois, et ce sans avoir peur de se mettre les politiciens à dos, et c’est la seule chose que je trouve admirable chez lui. Clint Eastwood nous dévoile dans son film les faiblesses du « puissant » J. Edgar Hoover comme son bégaiement et son manque de confiance en lui, on découvre également son attirance pour les hommes et son amour pour Clyde, et c’est ce qui lui redonne un peu d’humanité. Cependant, même si la fin m’adoucit à son sujet notamment avec ses paroles pleines de sagesse « L’essence même de notre démocratie est enraciné dans la conviction de la valeur de chaque individu, et que la vie a un sens qui transcende tout système établi par l’homme, que l’amour est la plus grande force sur terre, infiniment plus durable que la haine ou les divisons contre nature de l’humanité », je n’arrive pas à apprécier cet homme. Et même si la magnifique et émouvante soundtrack composé par Clint Eastwood lui même est mise en avant lors de la scène de sa mort, je n’ai pas tellement réussi à être ému. Ça reste cependant une réalisation de qualité et très intéressante avec une excellente performance de Leonardo DiCaprio et un impressionnant travail de maquillage.