Tout le monde connait l’histoire du roi Arthur et de la légende d’Excalibur qui lui est étroitement lié. Outre les livres d’histoires fictionnelles, le septième art s’est chargé de porter à l’écran le sujet des romans médiévaux à plusieurs reprises par l’intermédiaire de différents studios. Le pari d’éditer une version de plus était donc osé. Osé ? Oui et non. Pas tant que ça en fait. Parce que les progrès fulgurants des effets visuels et la qualité croissante du traitement de l’image offrent l’occasion de revisiter cette légende, jusqu’à la proposer en 3D. Ne l’ayant vu qu’en 2D (par choix personnel), "Le roi Arthur : la légende d’Excalibur" est assurément un film à grand spectacle qu’il serait dommage de ne pas visualiser dans des conditions optimales, c’est-à-dire en salle obscure. L’esthétique visuelle est tout simplement magnifique, et on sent qu’une bonne partie du budget y a été consacrée. Si le rendu est si réussi, les décors y sont pour beaucoup. Les détails sont là, les rendant toujours plus réalistes, à tel point qu’on pourrait croire qu’ils ont réellement existé. C’est beau, on s’émerveille de la même façon devant les immenses constructions médiévales pour lesquelles on ne peut s’empêcher de constater qu’à l’époque on savait bâtir. Mais vous allez être surpris à bien des égards. Parce que Guy Ritchie propose une relecture de la légende. Oh j’ai bien entendu dire par le biais de conversations croisées à la sortie de la séance précédente que ça n’avait quasiment rien à voir avec ce qu’on connaissait de la légende du roi Arthur. Mais de là à avoir une telle différence ! Je ne m’y attendais pas non plus. Et ça plaira… ou pas. Autrement dit, Guy Ritchie a reformulé les écrits littéraires à sa sauce. Et quelle sauce ! Non seulement elle a du goût, mais en plus elle ne manque pas de sel. Parsemée de quelques petites banderilles d’humour, la narration est plus moderne : adieu les grandes phrases emphatiques par lesquelles on disait en plusieurs lignes ce qu’on dit aujourd’hui en quelques mots. Ce choix est surprenant au début, mais vous finirez par vous y habituer. Question surprises, ça commence dès les premières images par une séquence décidément mystérieuse. Aucun mot ne vient troubler le silence pesant qui s’ensuit, si ce n’est la présentation de quelques tableaux pour implanter rapidement le contexte. Profitez-en pour accrocher votre ceinture parce que Guy Ritchie vous emmènera sur un rythme effréné dans une réalisation hautement dynamique grâce à une succession de nombreux petits plans très courts balancés par une B.O. surprenante de Daniel Pemberton. Là aussi la musique est surprenante : tantôt celtique, tantôt rock, tantôt… pardon, souvent un subtil mélange des deux, elle vient seconder chaque moment qui nous fait survoler quelques années en à peine quelques minutes, et chaque scène d’action qui s’en retrouve encore plus stylisée y compris dans les ralentis, malheureusement quelquefois de trop (deux ou trois fois seulement, grand max !). Les instruments se déchaînent sous la force des percussions pour produire une cacophonie musicale entêtante qui contribue à peaufiner la stylisation de l’œuvre. Et pour qu'elle donne toute sa pleine mesure, un grand soin a été apporté à la bande son, avec une répartition de folie. En somme, la fiction médiévale revêt son costume moderne pour se donner un air de fantasy, que les costumes des culottes noires apportent en partie, des chaussures jusqu’aux masques. Je ne vous en dis pas plus. Question casting, là aussi des surprises : Eric Bana est cité très tôt dans le générique de début, mais on ne le verra qu’assez peu en fait. Tout va tourner autour de Charlie Hunman (Arthur) et de Jude Law (Vortigern). Bien que Charlie Hunman fait ce qu’il faut pour être au plus près de la psychologie du personnage avec des expressions détachées et résolument modernes, je vais me pencher sur les cas de Jude Law et de… Aidan Gillen. Là aussi des surprises. Parce que nous n’avons pas l’habitude de voir Jude Law dans le camp des méchants, pas plus qu’on a l’habitude de voir Aidan Gillen dans le camp des gentils. J’avoue m’être dit que j’aurai bien inversé les deux rôles, mais Jude Law assure tellement qu’il rend son personnage parmi les méchants les plus marquants. Aussi, chaque comédien est finalement bien à sa place. Dans cette débauche de grand spectacle modernisé à tous les étages, on se prendra tout de même de sympathie pour quelques personnages, à commencer par Fesse d’Huître (Neil Maskell) et son fiston. Ainsi que pour la mage, interprétée par la seule petite française, Astrid Bergès-Frisbey qui l’air de rien fait son nid dans le cinéma outre-Atlantique. Ici, elle fait une mage très convaincante ! Il est seulement regrettable qu’elle ne se soit pas doublée elle-même pour la version française… On ressort surpris de ce film, grâce aussi (ou à cause, c'est selon) à certaines directions prises au cours du film. Et il faut bien le temps du générique de fin pour reprendre un minimum ses esprits. N’espérez pas de scène post-générique, il n’y en a pas. Mais il est fort probable que vous vous surpreniez à vous épousseter avant de sortir de la salle, tant le film est empreint de volutes épais de poussière produits par un amoncellement de pierres, de métal et de cuir pour ne faire plus qu’un. Mais si vous ressortez de ce film indécis quant à savoir si vous l’avez trouvé bon ou pas, voire excellent ou complètement nul, laissez-vous donc un ou deux jours en laissant le charme agir avant d'émettre un avis définitif. C’est ce qu’il s’est passé pour moi, qui étais prêt à descendre en flèche cette imposante production. Dans tous les cas, il y a fort à parier que la vision de Guy Ritchie quant à la légende du roi Arthur marquera durablement les esprits.