Annoncé comme une comédie solaire teintée de bonne humeur italienne, "Tous les soleils" s’avère être une véritable déception. Pouvait-on cependant vraiment attendre une comédie ou, à tout le moins, un film un tant soit peu joyeux de la part de Philippe Claudel, scénariste, rappelons-le, du démoralisant "Les Ames Grises" et réalisateur du non moins démoralisant "Il y a longtemps que je t’aime" ? Claudel est, avant tout, un écrivain et sa mise en scène s’en ressent tout comme ses aspirations terriblement bobo parisien (le goût immodéré pour la littérature, les séances de dégustation de vins, l’indispensable maison de campagne à retaper entre amis…). Ainsi, à l’image de ses précédents films, "Tous les Soleils" souffre d’une réalisation bancale, d’épouvantables longueurs et d’une intrigue particulièrement redondante. Certes, l’intrigue est moins austère qu’à l’accoutumée mais pourquoi avoir compliqué inutilement le scénario avec une multitude de sous-intrigues pas franchement passionnantes. De la vieille retraitée adepte des lectures d’Alessandro aux recherches infructueuses de sa fille et de son frère pour lui trouver une nouvelle femme, Claudel se disperse considérablement au lieu de se concentrer sur le difficile veuvage de son héros et sa relation compliquée avec sa fille. A croire que le réalisateur s’est même désintéressé de cette intrigue principal, comme semble le confirmer le caractère assez pénible dont il a affublé son personnage principal (inerte, moralisateur, colérique…). Le spectateur ressortira d’ailleurs du film sans forcément avoir compris ce que Claudel a voulu dire avec ce film… Seule la haine viscérale que voue le frère d’Alessandro à Berlusconi relève le niveau du film, ce personnage s’emparant, sans trop d’effort, des meilleures scènes du film (ses tentatives pour obtenir l’asile politique, ses diatribes contre la RAI..), notamment grâce à l’interprétation étonnante de Neri Marcore (la révélation du film, avec la jeune Lisa Cipriani). Il faut dire que le reste du casting est assez décevant avec un Stephano Accorsi énervant, une Clotilde Coreau dépressive et une Anouk Aimé sans grande surprise. Que retenir donc de ce film, si ce n’est la ville de Strasbourg, filmée avec un certain charme (il s’agit surement du seul talent que je reconnais à Claudel, qui sait mettre en valeur les villes où il plante sa caméra). A oublier !