Velvet Goldemine, à l'image des vedettes qu'il représente, est un peu un ovni. C'est un film à la fois déroutant et envoutant. En fait je pense qu'on peut le regarder de deux manières : comme une pure fiction ou comme une sorte de métaphore de la vie de Bowie dans laquelle la plupart des éléments du film sont des représentation détournées d'éléments de la vie de l'artiste. Et si on opte pour la deuxième option, on entre dans un perpétuel jeu où l'on essaie de saisir toutes les équivalences. Ou alors on fait un compromis, on accepte de ne pas tout comprendre, de peut-être passer à côté d'allusions... Et on peut alors laisser de côté la réflexion permanente (car le côté ludique du film le rend aussi très casse tête ! ça bouillonne dans le cerveau du spectateur) pour s'abandonner au film. C'est ce que, passé la première partie du film, j'ai décidé de faire. Et alors Velvet Goldemine se révèle vraiment envoutant, cette interprétation toute en poésie du personnage de David Bowie nous transporte. Il y a vraiment un grand magnétisme dans ce film, et je pense que si l'on avait eu un biopic plus conforme à la réalité, on aurait perdu cette fantaisie et cette magie. Ici les images et leur mise en scène sont ensorcelantes (toutes les pluies d'étoile, les paillettes, sont une belle façon de rendre en image le propos du film), l'histoire est un peu folle, un peu incompréhensible parfois, mais il s'en dégage quelque chose. La BO, même si on regrette évidemment l'absence de chansons de notre célèbre androgyne à paillettes, est juste incroyable. Les scènes de spectacle (comme le premier concert de Curt Wilde, où est mentionnée la légende des électrochocs que lui auraient infligés ses parents pour combattre son homosexualité et sa réaction à la guitare électrique qui en découle -passage qui rappelle d'ailleurs Orange Mécanique, et ce n'est pas le seul-) sont absolument happantes. J'avais rarement trouvé cette intensité musicale dans un film. On a juste envie de se lever et de sauter, de s'enfiler un whisky et de courir au Hellfest... Bref sur l'aspect rock'n'roll le film est vraiment assez irréprochable (attention je ne suis pas une connaisseuse, mais cela n'empêche pas d'apprécier). Pareil pour les reconstitutions de clips, elles réussissent à reproduire l'aspect fascinant qu'ont ceux de Bowie. Pour jouer Bowie d'ailleurs, Rhys Meyer ne me semblait vraiment pas être le meilleur choix au début. J'aurais mieux vu Christian Bale (qui a plus la gueule de l'emploi). Mais finalement, comme tout n'est que représentation et non copie, on se fait à ce Bowie ré-interprété, et Meyer réussit même à donner un pouvoir d'attraction à son personnage (n'aimant pas l'acteur, ça m'a surprise). Mc Gregor en idole pop déjantée, mélange d'Iggy Pop et de Lou Reed, est, comme on s'y attendait, impérial. Et Christian Bale en homme(osexuel) refoulé est impressionnant. C'est un rôle très différent de ce dans quoi j'avais pu le voir jusque là, et je l'ai trouvé bouleversant. Son personnage apporte au film toute une noirceur, un mal-être, qui participe à cette ambiance étrange mais fascinante. Et puis on se pose sans cesse des questions sur son rôle dans l'histoire : est-ce qu'il n'est pas une sorte de réincarnation, ou d'alter égal, de Brian Slade ? Ou peut-être que je sur-interprète. C'est un peu là la limite : si l'inquisition de ce journaliste rappelle la structure de Citizen Kane, la conclusion en est moins claire et peut laisser sur sa faim. Mais vraiment, si je laisse de côté cette frustration de ne pas avoir tout compris, de ne pas avoir saisi toutes les références, je dois reconnaitre que j'ai été prise par ce film et ses irréprochables acteurs. C'est magique, c'est poétique, c'est décadent (sans être lourd et prétentieux), c'est intense, ça met du punch... Bref c'est une belle réussite et finalement on peut presque remercier Bowie d'avoir refusé de donner les droits pour ses musiques, car ça rend le concept très original et surprenant.