Simetierre est tiré du roman éponyme paru en 1983 de Stephen King, auteur américain qui ne cesse d'être adapté au cinéma et à la télévision. Il s'agit de la deuxième adaptation de ce livre après le film de Mary Lambert sorti en 1990. Pour l'un des réalisateurs, Kevin Kölsch, ce projet est davantage une nouvelle interprétation de l'ouvrage de King qu'un remake du long métrage de Lambert : "Je suis un grand fan du film précédent, mais il offrait sa propre lecture du livre. On tenait à proposer notre propre version et, du coup, à y intégrer des éléments qui figurent dans le roman, mais pas dans ce film. Les fans auront quelques surprises, mais nous sommes restés fidèles à l’esprit du livre".
Simetierre est l'un des plus grands succès de Stephen King. Pourtant, celui-ci a conservé le manuscrit du roman dans un tiroir durant trois ans avant de le publier, sous l'impulsion de sa femme. L'auteur était réticent à sortir ce livre car il le jugeait trop effrayant. Il s'est par ailleurs beaucoup inspiré de sa vie : alors qu'il vivait dans le Maine, sa famille et lui étaient installés dans une maison située aux abords d'une route très fréquentée. Les enfants des environs avaient créé un cimetière pour les animaux écrasés. Le chat de sa fille, Smucky, est mort écrasé et son fils Owen, alors âgé de 2 ans, échappa de justesse à un camion.
Le titre du roman et du film provient d'un panneau situé à l'entrée du cimetière pour animaux sur lequel un enfant a mal orthographié le mot "cimetière". Sur le plateau ont été installées des stèles dédiées aux animaux morts qui ont appartenu aux membres de l'équipe quand ils étaient enfants. Smucky, le chat de la fille de Stephen King, avait lui aussi sa stèle.
De nombreux réalisateurs, dont des grands noms, ont été envisagés pour mettre en scène Simetierre. C'est finalement le duo Kevin Kölsch et Dennis Widmyer qui a décroché la timbale. Leur précédent film, Starry Eyes, a été présenté dans de nombreux festivals et leur a permis de se faire remarquer. Ils ont toutefois dû jouer des coudes pour se faire entendre, comme s'en souvient Widmyer : "Ça a été un vrai parcours du combattant. On a d’abord dû convaincre les producteurs, en s’y prenant à plusieurs reprises, mais ils ont adhéré à notre vision du projet, surtout parce qu’on souhaitait repartir du roman comme source d’inspiration".
L'idée de faire un nouveau Simetierre n'est pas nouvelle. En 2011 déjà, la Paramount avait proposé le projet à Alexandre Aja.
L'un des points sur lequel ce Simetierre se démarque du film de Mary Lambert et du livre de Stephen King est l'identité de la victime au sein de la famille Creed. Il ne s'agit plus du fils âgé de 2 ans mais de la fille du couple Creed qui a 8 ans. Si les réalisateurs appréhendaient de modifier un classique de la littérature horrifique, ce changement leur permettait selon eux de mieux fouiller les relations entre les personnages en creusant davantage la question du mal et en évoquant des notions existentielles qu'on ne pouvait pas aborder avec un enfant en bas âge ne sachant pas parler.
Church (diminutif de Winston Churchill) le chat est campé par deux félins abandonnés, Tonic et Leo. Si ces Maine Coon ne sont pas des "professionnels", ils étaient toutefois capables de siffler, de regarder fixement et d'attendre. Les animaux ont d'ailleurs été adoptés par des membres de l'équipe après le tournage. La dresseuse Melissa Millett n'a eu recours qu'au "renforcement positif" avec les chats : "Pour qu’un chat soit efficace, il faut qu’il soit heureux de travailler. On noue une solide relation de confiance, si bien qu’on peut les plonger dans des environnements pouvant se révéler intimidants au départ. Pour atténuer le stress, on se sert de nourriture, de jeux et de jouets, si bien que les chats s’amusent beaucoup".
À l'instar de leurs partenaires humains, les chats devaient également subir un maquillage afin de donner l'illusion qu'ils revenaient d'entre les morts. Il a fallu deux mois pour les habituer à ce processus. Des doublures furent mises au point lors des scènes où Church dort : cela était plus pratique que de dresser l'animal pour qu'il reste immobile sur demande.
L'équipe s'est installée à Clinton Stables, à une heure de route de Montréal, pour reconstituer le nord de la Nouvelle-Angleterre. C'est là qu'elle a trouvé ce qui serait la maison des Creed. Située sur un vaste terrain qui permettait d'implanter le cimetière pour animaux, l'extérieur de la propriété correspondait totalement aux besoins de la production. Près de la moitié du film y a été tournée.
En revanche, l'étage supérieur de la maison a été reconstitué en studio afin d'avoir plus de place et de souplesse pour tourner. Certains décors dans les bois ont aussi été conçus en studio, comme les marécages et l'escalier en pierres menant au cimetière.
Celui-ci et le tas de bois mort qui abrite le Wendigo ont quant à eux été tournés en décors naturels. Le directeur artistique Todd Cherniawsky revient sur sa fabrication : "Il fallait qu’il soit creux afin qu’on puisse animer des marionnettes de l’intérieur. Il y avait aussi des normes de structure à respecter pour que les comédiens et les opérateurs caméra soient en sécurité. Les gars du département Verdures ont bossé comme des fous pour créer l’illusion d’une présence humaine au coeur du tas de bois mort. Ils se sont servis de pin sec et d’arbres calcinés dont on a brûlé les branches et qu’on a réduit en brindilles hérissées de pointes et de bois flottant afin de faire ressembler cet amas de bois mort à un tas d’os".
Pour la scène où Ellie taillade Jud, un moulage de la jambe de John Lithgow a été réalisé à partir duquel trois fausses jambes furent conçues. L'équipe des effets spéciaux a intégré dans chacune d'entre elles des muscles, de la graisse et un chiffon imbibé de sang.
L'actrice Amy Seimetz a dû prendre des antiallergiques durant le tournage en raison de son allergie aux chats, qu'elle décrit comme "de vrais enfoirés, qu’ils reviennent d’entre les morts ou pas !" Elle ajoute : "Je les attire parce que je ne peux pas les toucher. Comme j’ai l’air indifférente, ils ont forcément envie de s’asseoir sur moi. J’ai le sentiment qu’ils savent que mes yeux sortiraient de leurs orbites si je les touchais. Du coup, ils ne me laissent jamais en paix. C’est leur nature sadique qui les pousse à me coller. Je suis certaine que c’est leur nature d’enfoirés qui les fait agir comme ils le font".