Un film explosif avec de la violence, des gros mots, des gens tout nus, tout ça pour mettre en exergue les bassesses et les dérives d'une société décadente, grâce à un sujet brûlant et hautement polémique. Ou pas. En fait c'est l'histoire de méchants dealers de drogue mexicains qui s'en prennent à des gentils dealers américains; en effet ils sont gentils puisque leur chef est hippie et qu'ils vendent aux cancéreux pour soulager leur souffrance et puis la drogue c'est bien en fait, car comme le fait judicieusement remarquer la voix off: 15 millions de personnes ne peuvent pas se tromper (argument intéressant, je n'hésiterai pas à en faire part à ma prochaine réunion des AA: les Allemandsquiontvotépourlepartinazidanslesannéestrente Anonymes - et hop point Godwin!). Ces gentils, donc répondent aux doux noms de Ben, Chon et O (qui a également l'honneur de délivrer les pires platitudes pseudo-intellectuelles imaginables en tant que voix off); et vivent leur petit ménage à 3 en parfaite harmonie; et non, ce n'est pas juste un prétexte moisi pour nous abreuver d'une scène de cul tripartite: c'est pour être subversif, nos héros sont des rebelles idéalistes qui rejettent les carcans d'une société hypocrite et intolérante (il y a en même un qui a des dreadlocks, c'est pour dire). Sauf qu'à un moment les méchants mexicains (pléonasme) kidnappent O et là tout part en vrille: c'est retournement de vestes et plans à la con dans tous les sens, on ne comprend plus rien (je suis prête à leur accorder le bénéfice du doute et dire que c'est moi qui suis facilement confuse). Il n'y a que 3 choses que j'ai retenues: les dealers mexicains sont vachement sensibles au syndrome de Lima (ce qui est très ironique quand on y pense), d'après le Dalaï Lama lui même, c'est tout à fait acceptable de brûler vif un pov' type si c'est pour récupérer sa camée de pouff et enfin que les femmes font de très mauvais chefs de cartel (trop hystériques et émotives, sans doute à cause des hormones).
Bon au final, les gentils et les méchants font un échange d'otages dans le désert avec chacun leur petite équipe de snipers cachés dans les hautes herbes tels des vulgaires Rattatas, bien sûr ça dégénère en une fusillade grotesque qui se veut "tarantinesque". Le gentil hippie (qui avait signé son arrêt de mort dès le début du film en annonçant vouloir prendre sa retraite) meurt et les 2 autres se suicident dans la plus belle tradition du Barde immortel (qui s'il n'était pas mort, se suiciderait sûrement aussi). Alors que mon cerveau fondait devant la stupidité et la prétention d'une telle scène, la voix off nous annonce qu'en fait ça ne s'est pas passé comme ça. Hélas, mon soulagement fut de courte durée, puisqu'on nous offre à la place un happy ending dégoulinant de niaiserie où nos héros s'en vont vivre heureux dans quelque contrée exotique où ils pourront vivre leur amour peu conventionnel et exhiber leur coupes de cheveux non moins excentriques en toute liberté. Quel beau conte de fée!
Sinon plus sérieusement, les acteurs sont médiocres, la seule qui s'en sort un peu c'est Blake Lively (et pourtant je n'aurais pas parié sur elle), les dialogues sont pompeux et irréalistes, c'est bourré de clichés (le hippie bouddhiste fumeur de joints qui aide les petits enfants en Afrique, le militaire parano qui nous rappelle à chaque occasion qu'il a fait la guerre) et visuellement c'est tape à l'oeil. Bref, de bout en bout ce film est consternant.