Réunissant un casting de rêve et un réalisateur talentueux, Savages annonçait un excellent résultat avant sa sortie, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Malgré tout, il reste un bon film grâce notamment à la présence de l'excellent Benicio Del Toro.
Ce qui surprends dès le début, c'est une multiplicité de personnages qui, bien qu'ayant tous une part importante dans l'intrigue, amènent de grands écarts entre les différents acteurs. Les deux acteurs principaux, Taylor Kitsch et Aaron Taylor-Johnson ( attendu au tournant sur le deuxième volet de kickass ) restent très bons mais sans pour autant nous offrir une prestation transcendente, même si Taylor-Johnson surprend néanmoins par la diversité de son jeu. Le duo féminin Salma Hayek et Blake Lively se révèle quant à lui beaucoup plus intéressant par la découverte plus progressive de ces deux femmes au caractère différent, ce sont d'ailleurs les deux personnages qui disposent de la meilleure qualité d'écriture sur tous le casting. A l'inverse, Benicio Del toro surprend pas son excellente prestation alors qu'il dispose d'un des protagonistes les moins bien écrit. Il arrive ainsi à nous livrer une interprétation fabuleuse de ce personnage violent et brutal et lui assure une grande présence à l'écran. Mais le casting apporte aussi son lot de laissés pour compte comme les très bons John Travolta et Emile Hirsch qui se retrouve avec des personnages trop en retrait et peu développé. C'est donc sur un casting inégalement exploité que se repose le film, en plus d'une mise en scène qui tente de se diversifiée.
Regardons donc à présent cette mise en scène de plus près. La première chose que l'on remarque très vite est l'effort d'Oliver Stone pour apporter sa touche visuelle au film. Il met ainsi clairement en avant le cadre paradisiaque du film, grâce à l'utilisation d'une palette de couleurs saturées et lumineuse. Mais si cette mise en avant du paysage plait au début, on retrouve très vite une certaine redondance à trop vouloir accentué le cadre. Mais Oliver Stone, pour rendre son film encore plus marqué visuellement, utilise de nombreux effets de mise en scène comme notamment un jeu sur les filtrer chromatiques, comme des passages en noir et blancs ou dans des tons très jaunes. On retrouve de surcroît des effets moins ponctuels mais très intéressant malgré une utilisation qui va parfois un peu trop dans l'excès et nuit au film. La réalisation en elle-même est assez diversifiée mais Oliver Stone connait quelques ratés dans des angles de vue trop hasardeux. Bien que tous ces éléments de mise en scène fasse de Savages un film d'une certaine qualité, le rythme de celui-ci se retrouve beaucoup moins maîtrisé que la mise en scène.
En effet, le gros point noir du film réside dans son rythme aléatoire, qui n'est pas aidé par le choix d'une bande sonore trop diversifiée et mal placée qui nous fait sortir du film. Dès le début, on sent une certaine difficulté à rentrer dans ce film, son ambiance, tant celle-ci passe trop vite d'un extrême à l'autre pour qu'on ait réellement le temps de s'en imprégner. Pourtant, la scène d'introduction présageait le meilleur pour la suite du film grâce à une scène violente, brutale et caractérisant parfaitement ce titre qu'est Savages. Mais le film s'ésouffle vite dans un sa première partie et donne une impression de brouillon scénaristique tant on ne comprends pas le but de l'intrigue. Ainsi, le scénario est aussi un facteur important de ce rythme inégale par son intrigue trop simple qui se retrouve paradoxalement très complexe sur la direction du film. La deuxième partie a néanmoins pour elle un rythme plus soutenu et prenant malgré ces musiques qui coupent parfois trop avec l'ambiance s'installant.
Mais le véritable but de ce film est, comme le titre l'indique si bien, la violence, la sauvagerie. Bien que ce thème puisse amener un film trash sans fond, Oliver Stone contourne ce piège pour traiter la violence avec beaucoup de réalisme et de recul sur les évènements, montrant la violence sans l'édulcorer ni l'accentuer pour un rendu déstabilisant accentué par la performance de Benicio Del Toro qui mesure parfaitement cet enjeu du film.
Ainsi, Savages est un bon film qui aurait dût s'élever plus haut si il n'avait pas pour lui autant de défauts.