L’annonce du retour d’Oliver Stone, réalisateur de Platoon, Tueurs nés ou encore JFK, et le buzz atour de Savages laissait croire à un retour réjouissant du cinéaste. C’était sans compter sur bien des aspects douteux, de mauvais goût ou de simplicité. Oui, si le film n’est pas imbuvable, il ne décolle pourtant jamais, Oliver Stone traitant son sujet, issu par ailleurs d’un roman, en survole, n’ouvrant jamais la porte aux émotions, a une complexité nécessaire si l’on entend captiver le public, ce qui constitue la moindre des choses pour un réalisateur aussi chevronné. Savages pourrait dès lors être le premier film d’un jeune et ambitieux réalisateur, rien de plus, n’étant dès lors pas digne des anciens succès de Stone, d’un réalisateur qui choqua, sonda et amusa l’Amérique et la planète dans les années 80 et 90, comme metteur en scène mais aussi comme scénariste, notamment sur Scarface.
Bref, ici, les trois personnages au centre du récit, Ben, Chon et la belle Ophélia, nous sortent par les trous de nez bien avant de passer le cap de la première heure. L’on se rabat dès lors vers les seconds rôles, bien plus distrayant, surtout en ce qui concerne Benicio Del Toro, le méchant sadique de l’histoire. Taylor Kitsch est mauvais, il l’était déjà lors de deux gros bides de ces deux dernières années, orgueilleux, frimeur et impénétrable. Aaron Johnson est quant à lui plutôt bon mais son personnage n’est qu’une illusion, un icone de bonne foi dans un monde de crapules. Mais par-dessus-tout, c’est les femmes qui irritent. Selma Hayek n’est pas à sa place malgré ses quelques mots d’espagnol. Oui, confié le rôle du big méchant à une donzelle, Ok, mais il ne faudrait pas oublier le charisme. Pire que tout, Blake Lively, que Stone ne semble utiliser que comme atout charme, parasite le film d’une présence féminine façon clip vidéo. L’actrice ne fait office que d’objet de désirs, de fantasme et par ailleurs, la relation qu’elle entretient avec les deux mecs, et par analogie les deux mecs entre eux, non seulement ne tient pas la route, mais paraît même parfois ridicule.
Oliver Stone travail dès lors sur un script truffé de simplicités de de mauvais goût. Fade, sans relief, Savages fait montre d’un manque d’ambition sévère pour un réalisateur qui a encore tout à prouver, une seconde fois. La Californie est le paradis sur terre, même pour les dealers d’herbettes, le Mexique est peuplé de pourris sanguinaires ou la femme est sacrée, les flics sont des ripoux aux poches pleines de billets. Mais par-dessus-tout, les américains sont socialement indispensables au tiers-monde et les plus aventureux, des guerriers hors pairs. Ici, le personnage de Taylor Kitsch, un soldat US tout beau tout fort terrasse avec ses copains un cartel entier, autant dire que l’on n’y croit pas une minute.
Finalement, le film est plus ou moins sauvé par un Benicio del Toro, ravageur en tueur violent du cartel et le seul point fort d’un film comme il y en a mille autres. Le pitch n’était déjà pas franchement emballant, le film, lui, est en dessous de mes pâles espoirs de revoir un jour Oliver Stone redevenir le cinéaste qu’il était. Savages, donc, film pour adolescents, faut être honnête avec les fesses de Blake Lively, une violence et du gore d’opérette, et deux acteurs principaux à la mode j’aime sur Facebook, il ne pouvait en être autrement, qu’il s’agisse d’un Oliver Stone dépassé par le temps ou d’un pathétique Len Wiseman à la barre, peu importe. Un film qui s’apparente plus que jamais à une véritable déception. Etonnant donc que les critiques presse d’habitude acerbes n’ont pas lynchés le film dès sa sortie. Mais où est donc passé Oliver Stone ?? 06/20