Oliver Stone, perdu pour certains, en rédemption pour d’autres. Maître d’une filmographie ayant marquée la fin des années 80 et le début de la décennie suivante, gardait cette étiquette de réalisateur en colère, contre un système, souvent politique, contre lequel il se prenait d’un regard critique. On peut alors se demander si son cinéma si acide, ne s’était pas assagit à l’aube des années 2000 quand le financement d’un film devint de plus en plus compliqué, puisque plus assujetti à une rentabilité forcée et un sens plus commercial du cinéma. Une excuse ? peut-être, mais pas seulement.
La hargne qu’il a mis dans ses films s’était effritée avec des sujets enclins à la controverse mais très sage au final, World Trade Center, W, s’avérèrent très décevants à la vue du sujet.
Savages, adaptation du roman de Don Winslow, le décharge de tout enjeu critique en référence à ses débuts de metteur en scène. Un détail qui a du sens quand on doit aborder cette dernière réalisation.
Totalement décomplexé de tout enjeu manichéen politique et critique, Oliver Stone livre un film jouissif où le réalisateur retrouve certaines de ses qualités ; sans nous livrer un chef d’œuvre, Savages pourrait être le film où le réalisateur retrouve ses marques. Et peut-être même son meilleur film depuis une bonne dizaine d’années.
Faisant fi toute crédibilité concernant l’axe principal de son scénario, la relation amoureuse triangulaire qui surfe entre clichés et exagérations, Savages s’avère être un cocktail parfait d’action et de thriller à l’humour noir appuyé. Dans certains de ses élans le film flirterait presque avec The way of the gun par ses contours de western moderne et urbain (B. Del Toro encore).
Bardé de filtre, monté de manière énergique et filmé avec le savoir faire de Stone, autant dans ses envolées violentes, qu’innovants dans la mise en scène (nombreux clin d’œil à De Palma par moments), Savages est l’œuvre moderne d’un réalisateur qui semble enfin reprendre pied, à défaut d’une pleine assise.
Quant au message, Stone oblige, cette décharge ironique de la lutte anti-drogue, le metteur en scène comme déchargé de son rôle durant les années 80, semble plus libre et moins engagé et ainsi retrouver une certaine énergie dans une réalisation enfin décomplexée. Cocktail explosif de violence et de sauvagerie, le film est également un délicieux mélange presque pop et totalement jubilatoire si pris comme tel.
Pour les plus réticents, Benicio Del Toro malicieux et sadique comme jamais vaut à lui seul le déplacement, quand Travolta et Hayek signent ici un retour plus qu’honorable.
Savages comme un trip assumé sans forcément la matière mais avec la manière.
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