Désolé pour les allergiques au plâtre, ceci est ma première critique... et j'suis pas certain d'avoir choisi le meilleur film pour débuter.
Vu le choix de scénario d'une banalité affligeante, on peut espérer que le film mette l'accent sur d'autres points pour éviter l'écueil. L'espoir fait vivre.
Les personnages principaux, formant un triangle voulant rappeler "Le bon, la brute et le truand" (le jeune flic, le vieux flic et l'évadé), sont mal pensés, et conséquemment mal interprétés par des acteurs peut-être très bons, mais dans d'autres films. Dommage, because le triangle susmentionné tournicote au fur et à mesure que le film avance, mais c'est tellement prévisible qu'on est loin d'avoir le tournis.
Donner un côté humain et réaliste au zéro de service (le jeune flic) en lui faisant oublier son gun à la maison, vu qu'c'est complètement irréaliste, ça rate son effet. Le faire crapahuter dans les rivières parce que l'évadé est un as du pistage, c'est curieux, vu que s'il avait voulu buter le jeune, il en a eu tranquillou le temps dès leur première rencontre, rendant cette précaution particulièrement inutile.
Le vieux flic est une caricature de stéréotype, ce qui aurait pu être un tour de force si ce n'était une facilité scénaristique. L'habituel conflit entre le "vieux d'la vieille des contrées hostiles" et le "jeune blanc-bec de la ville" tombe très vite, lui aussi, à l'eau, afin de tenir compagnie au jeune pendant ses promenades.
L'évadé est de loin le plus raté. Et vu comme les deux autres sont massacrés, ce ne fut pas simple. Il a fallu pour ce faire réussir à avoir de bonnes idées, et de toutes les bousiller, une par une, patiemment...La première, c'est son mutisme. Si seulement il avait pu continuer de la boucler jusqu'au générique de fin, ç'aurait été top... mais on lui a collé une sentence finale lamentable de convenu. Ensuite, sa sélectivité dans ses cibles, en contradiction avec son côté impitoyable (ça aussi, ça s'dit). Convenu certes, mais bien mis en scène, ça aurait pu... ça aurait pu. Enfin, ses origines aborigènes, qui expliquent son incroyable chance : l'évasion, l'incapacité des autres à le toucher de leur projectiles (en fait, c'est la seule explication que j'ai pu trouver à son invulnérabilité) ou à lui tirer dans le dos. Mais c'est tellement pas suggéré qu'on passe à côté, et donc, on s'dit juste que les autres tireurs sont de parfaits blaireaux, ce qui vu le cadre western ne colle pas dutoudutout.
Les personnages secondaires... pour faire court, disons qu'j'ai connu des quilles de bowling plus courageuses (elles, au moins, ne s'enfuient pas en piaillant), et des acteurs bien plus convaincants (dans "Hélène et les garçons", par exemple). L'exemple de l'épouse (Alice Cooper... le pauvre) qui ne se rend pas compte que son mari repeint en rouge tous leur planchers montre bien à quel point les personnages secondaires ont été travaillés en amont. Du coup, je ne blâme pas les acteurs de se contenter de faire le minimum syndical.
Les figurants... y en a pas. Le gus parcourt la ville en long, en large, en travers, plusieurs fois, repart, revient, en défouraillant au fusil à pompe à chaque carrefour... sans que personne ne mette le nez à la fenêtre. Sont blasés, les Australiens...
Le personnage chelou : la panthère. Aurait pu donner un côté un tantinet métaphysique (mis en corrélation avec les origines abos de l'évadé, par exemple), mais n'est qu'un bouche-trou entre deux scènes de tir au pigeon. Inutile, sa présence dans le scénar est le plus grand mystère de ce début de siècle.
Les décors. L'australie, magnifique pays, terres sauvages encore épargnées par le bétonisme humain, décors grandioses... deux-trois plans à la sauvette, et pas vraiment du genre qui en mettent plein les mirettes.
La bande son. Un essai musical (dans le motel), raté lui aussi, par mauvais choix de la chanson (l'intro colle très bien, mais quand l'action démarre, la song, elle, ne suit plus). Pour le reste, les flingues sont discrets, ce qui ajoute encore un peu à l'aspect irréaliste de l'ensemble (un canon scié, c'est un tipeu plus bruyant qu'un pistolet à bouchon, normalement), de même que la zic d'ambiance. Ah! Un point positif : les effets standards du gros-bruit-soudain-qui-fait-sursauter ont été évités. C'est presque dommage : on aurait au moins sursauté un peu.
Autre bon point : évitement du gore, ce qui n'est pas plus mal pour un film de ce genre. La violence y est montrée sans chichi, mais sans complaisance, ce qui colle (pour une fois) très bien avec le sujet.
Histoire de finir, ce film regorge de bonnes idées, toutes plus mal exploitées les unes que les autres. Du coup, il laisse une impression mitigée, selon qu'on attache plus d'importance aux intentions (nombreuses et parfois très originales) qu'aux résultats (pratiquement tous ratés, j'espère involontairement).