C'est un sujet à la mode, sinon opportuniste, parce qu'il se place dans le contexte de l'époque où s'affirme la revendication assumée de l'homosexualité. Dans l'air du temps mais peut-être aussi parce que les histoires supposées croustillantes des lesbiennes et gays sont porteuses commercialement. Mais pour que la comédie de Stéphane Giusti eût la mondre valeur, il aurait fallu de l'audace et, surtout, un point de vue original et sensible, voire sincère.
La pauvreté du film est déterminée par l'approche quasi puérile de son auteur, sur le mode "l'homosexualité expliquée aux ados". Le coming-out est le leitmotiv humaniste et superficiel de cette comédie aux accents parfois de sitcom, au cours de laquelle de jeunes gays et lesbiennes (physique agréable, humour, profession branchée, enfin biens sous tout rapport) tenteront le difficile aveu à leurs parents.
Mais quel intérêt trouver à cet héroique coming-out et au postulat de Giusti quand les personnages manquent à ce point de talent et de profondeur, de vérité et d'une nécessaire dimension psychologique? On voit notamment les parents, d'abord abasourdis, passer, dans une parfaite incohérence, de l'hostilité à la mansuétude béate.
La réunion de famille où sont convoqués tous les personnages
tourne au mauvais boulevard. Car la mise en scène est aussi morne que figée, la direction d'acteurs très insuffisante. Dès lors, les comédiens sont passables (hormis, peut-être, Brigitte Roüan en adulte ouverte et complice façon Denis Grey dans "La boum") et les formules pseudo impertinentes de l'auteur font long feu.
Enfin comment ne pas évoquer la présence quasi surréaliste de Johnny Hallyday en matador (!) à la retraite
et père de famille, le regard vitreux, sans expression ni conviction? Un coup commercial qui tourne au grotesque! L'interprétation et la physionomie de l'ex-idole des jeunes sont les seules raisons de rire de la comédie, laquelle est vaguement pompée sue le "Garcçon d'honneur" d'Ang Lee.