Jennifer Lawrence et Bradley Cooper se retrouvent et marquent leur troisième collaboration ensemble, après l'excellent "Happiness Therapy" et "American Bluff".
Réalisé par Susanne Bier, "Serena" est adapté du roman au même nom écrit par Ron Rash. Il nous transporte au cœur des Etats-Unis, en Caroline du Nord. On y suit la vie de Serena qui nous raconte son histoire : sa rencontre avec George Pemberton, patron d'une entreprise forestière florissante, puis son arrivée dans une petite ville, maintenant son foyer, où son intégration s'y révèle difficile, autant pour elle que pour son mari.
Entre les divers informations fournies par Buchanan, son associé, pour corrompre banquiers et administratifs, et un complot contre lui-même, monté par son épouse, la vie de George Pemberton est bousculée ...
Rien ne s'arrange lorsque son passé refait surface, mettant en péril son mariage avec Serena.
Sous le fil rouge romantique, une trame ramenant l'histoire à la réalité de l'époque s'y cache, bien loin des clichés fleur bleue dont il pourrait souffrir. C'est ici la grande force du film. Il ne tombe jamais dans l'excès, aussi bien côté romance que côté thriller/drame. On peut néanmoins regretter quelques facilités dans la narration au détriment de la logique. Les personnages réagissent quelques fois par raccourci afin de faciliter le déroulement du scénario.
Une question se pose : comment croire pleinement au couple Pemberton si George semble craindre sa femme sans réelle raison ? Simplement parce que la fin du film va lui donner raison. Certes, celui-ci a bien fait de se méfier mais cela semble trop facile à mon goût. S'il est censé être éperdument amoureux de Serena, au point de rentrer dans le complot qu'elle a créé, alors pourquoi se méfier d'elle ? Et s'il ne l'aimait pas autant qu'on veut nous faire croire, et bien pourquoi lui obéir ? Ce personnage n'est pas tout le temps logique et assez irréel. Il donne cet aspect "facile" du scénario, que certains pourrait qualifier comme répondant plutôt du téléfilm que du long-métrage. C'est bien dommage, d'autant que Bradley Cooper reste convaincant dans ce rôle, entre quête amoureuse et chasse à l'homme.
Tout le long, le film se déroule sous la forme d'une poursuite.
D'abord comme une parade amoureuse, joliment mise en scène pour la rencontre entre George et Serena.
Puis comme une enquête, celle du shériff McDowell, interprété par Toby Jones, qui cherche à mettre au clair les actes de corruption de la société de Pemberton pour limiter la déforestation de la région.
Enfin, comme une chasse à l'homme, où George se lance aux trousses du mercenaire engagé par sa femme. Ce thème de la chasse est d'ailleurs ce qui ouvre et ferme le film, où dans chacune de ces deux scènes, George traque un puma, comme ultime trophée.
Le personnage de Serena est également l'incarnation même de cette thématique. En perpétuelle fuite en avant, Serena recherche l'amour, le bonheur, l'argent, mais aussi la vérité, au point de s'y retrouver piégée, dos au mur.
Jennifer Lawrence confirme ici son Oscar obtenue grâce à sa performance mémorable d'"Happiness Therapy". Elle nous livre ici l'un de ses plus beaux rôles dans un personnage trouble et en proie au doute, à l'image de Katniss Everdeen.
Point de vue réalisation, le film n'est pas prétentieux. Susanne Bier nous offre des paysages magnifiques en simple plans larges, beaux, sans rien rajouter de plus.
Dans l'ensemble, le film est très réussi visuellement, que ce soit pour les décors ou pour les vêtements d'époque.
"Serena" est en fait tout simplement un film audacieux et fort.