Adaptation du roman éponyme de Philippe DJIAN, Impardonnables est scénarisé par André Téchiné lui-même avec la participation de Mehdi Ben Attia, (par ailleurs réalisateur et acteur). Impardonnables, titre dangereux pour un film, avec le risque de déraper vers des jeux de mots peu amènes en cas d’échec de l’œuvre. Je m’abstiendrais donc de ce style, (quoique), sans pour autant pouvoir exprimer dans ces quelques lignes un profond engouement pour cette nouvelle réalisation d’André Téchiné. Comme on le dit parfois, trop d’infos, tue l’info, trop d’histoires, tue l’histoire. Trop de personnalités à exprimer en 1h51’, trop de complexité ou peut-être pas assez, profondément, recherché. Les personnages se noient parfois dans des caricatures improbables et le spectateur y perd son latin, moi en tous cas. Je n’ai pas lu le livre de Philippe Djian, mais je sais que les scénaristes ont pris quelques libertés de lieux, de personnages, tout en conservant, semble-t-il, le fil rouge du livre. Mais voilà bien le problème, de fil rouge nous avons eu du mal à trouver. Les sentiments ne sont pas aboutis, hormis un peu la violence latente et perceptible de Jérémie, (Mauro Conte). On se perd cependant en conjecture. Il casse de l’homo dans les rues de Venise, bien que cela ne soit pas aussi évident. J’ai plus eu le sentiment qu’il se défendait d’un entreprenant mal élevé. Cela est bien confus, sauf à vouloir opposer les sentiments de Jérémie, cette violence, au désert affectif imposé par cette mère, Anna-Maria, (Adriana Asti), qui non contente d’avoir fait un bébé toute seule, vit sa vie de lesbienne au grand jour. Finalement le personnage central désigné, Francis, (l’excellent André Dussolier), perd en substance, en présence et en crédibilité. Le voilà en ménage avec son agent immobilier, française à Venise, (Carole Bouquet), un hasard, ancienne compagne de la mère de Jérémie, bisexuelle et réputée femme fatale. Les sentiments à exprimer semblent si difficiles qu’on lui impose un saignement de nez impromptu à chaque contrariété. Je ne m’étends pas sur l’image plutôt loufoque et prévisible de la démonstration de la fin de sa passion avec Francis. Elle ne saigne plus, cela est un peu grotesque et finalement tellement ridicule que l’envie de rire peut faire place à l’ambiance voulue pourtant dramatique. André Téchiné a agrémenté l’ambiance en tournant à Venise et en souhaitant visiblement faire part de la joie d’y vivre et du temps absolument divin de la nonchalance. Cette nonchalance se ressent d’ailleurs dans le rythme qui y est perdu. Bref, on en oublierait presque Mélanie Thierry dans le rôle d’Alice, fille de Francis, dont on ne comprend pas la fêlure. Des histoires au cœur d’histoires qui s’entrecroisent sans que cela soit une réelle nécessité. Les croisements sont quasi improbables, pour ne pas dire impardonnables et j’attends encore de comprendre l’objectif des destins ainsi exposés. Les acteurs sont bons, même si j’avoue toujours avoir des difficultés avec Carole Bouquet, Venise est présente et belle, mais le soleil sur la lagune pour moi ne s’est pas levé. Dommage.
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