Je ne fais pas parti de ces gens qui ont vu dans Avatar une quelconque avancée pour le cinéma d’aujourd’hui. Avatar, bien que cela ne soit pas un mauvais film, loin de là, est néanmoins une jolie arnaque qui dissimule une misère scénaristique assez importante sous des effets spéciaux qui ont déjà pris un petit coup dans la face avec le temps (mais n’exagérons rien non plus, c’est léger), et qui lasse au bout de deux visionnages. Et si vous vous demandez pourquoi je parle de ça, c’est parce la véritable révolution que l’on attendait, celle qui fait bel et bien entrer le cinéma dans une ère nouvelle, qui redonne sa crédibilité, et en prouve l’utilité, à la 3D, tout en lançant à tous les réalisateurs actuellement actifs le défi complètement dingue de réussir à faire mieux, c’est Gravity. Alfonso Cuarón vient effectivement d’emmener le cinéma que l’on connait aujourd’hui à un point auquel on ne l’avait jamais vu. Gravity, au-delà d’être un simple film, est une expérience cinématographique, sans doute la plus réaliste qui ait été faite, et la plus efficace. Le film vous emmène directement dans l’espace, et croyez-moi, vous allez adorer ça. Premier point fort qu’il faut noter, et surtout mettre en avant, c’est que Gravity est un projet original. Et voir un projet comme celui-ci, c’est-à-dire d’une ambition complètement folle et rattaché au seul nom de son réalisateur comme argument de vente, atteindre un tel succès critique et public (salle pleine durant l’avant-première, dans un cinéma de province) c’est tout simplement magnifique. Surtout quand la salle, dans son ensemble, ressort autant sur le cul que vous. Pourtant le scénario reste simple, on suit les mésaventures de deux astronautes coincés dans l’espace, mais par la technique, Cuarón transcende complètement celui-ci pour en faire quelque chose d’incroyablement palpitant, émouvant, et inoubliable. Pourquoi cela? Parce que déjà, commencer son film par un plan-séquence d’une bonne vingtaine de minutes dont la mise en scène relève tout simplement du génie, y’a pas de meilleure façon de le dire ou de le décrire, c’est quelque chose qui marque la mémoire d’un cinéphile. Quand en 20 minutes, un film vous offre plus de frissons, d’émotions, et de spectacle que presque tous les films que vous avez pu voir en une année, vous savez que vous êtes en train d’assister à quelque chose d’immense. Et l’immensité, c’est le mot qui correspond le mieux au film: Immensité émotionnelle, immensité au niveau de la mise en scène et de la réflexion/préparation qu’elle a dû demander, immensité du décor dans lequel l’histoire prend place, immensité que retrouvent Sandra Bullock et George Clooney dans ce qui s’avèrent être les meilleurs rôles de leurs carrières respectives, etc. C’est même carrément difficile d’écrire sur ce film, car c’est un film qu’il faut vivre par soi-même! Gravity apporte aussi la preuve visuelle qu’il est donc parfaitement possible de faire un film techniquement parfait, tout en chargeant son scénario d’émotions pures, accompagnées d’une des meilleures compositions sonores de l’année, une sorte de magnifique mélange du meilleur d’Hans Zimmer et de Steve Jablonsky, mais avec une identité propre. Il paraît improbable qu’on puisse rester de marbre devant un tel film, ou alors c’est que vous avez sans doute égaré votre cœur et vos sentiments quelque part dans l’espace. Mais finalement, bien que je lui ai un peu craché dessus en début de critique, James Cameron avait quand même raison sur une chose: "Gravity est le meilleur film sur l’espace jamais réalisé". Et que les plus sceptiques et les non-initiés à la science-fiction soient rassurés: Gravity, ce n’est pas de la science-fiction, c’est la plus belle aventure, et le plus beau drame, de l’année, qui a simplement eu l’ambition de prendre l’espace comme cadre pour celle-ci. Houston, on a un chef d’oeuvre.