olala ! comment ne pas hésiter à aller voir le nouvel opus de Lou Ye après avoir lu les critiques ?? Puis je me suis souvenu des réactions primaires de rejet qui avaient déjà été lâchées pour les précédents (le filmage à l'arrache, les scènes d'amour crues, non érotisées), le racisme à peine latent même. Quel plaisir d'être emporté de nouveau par le style visuel unique de Lou Ye, qui brosse son histoire à même les peaux, le caniveau, en alerte, avec une liberté folle, en fait sa matière même. Lou Ye ne se soucie pas de séduire, divertir ni se rendre aimable, d'user de ficelles ultra rebattues qu'on connait d'avance, ce n'est pas un énième film lénifiant au scénario à valeur pédagogique qui chercherait votre connivence ou votre approbation morale ; l'émotion sourd d'ailleurs, du risque permanent, du choc des images entre elles, des corps, des êtres qui entrent en collision, des contradictions inconciliables, des lumières naturelles, des mouvements, d'une vivacité peu commune. Et il a raison dans son dédain, puisqu'il s'échappe encore et toujours, avec un sujet pas évident du tout, poursuit son œuvre par les airs, en venant balader sa caméra, s'aventurer là où les cinéastes français ne vont pas. Et on mesure davantage la maîtrise d'une signature qui bouscule nos regards et dérange nos habitudes de spectateurs dans ses rues, sur ses ponts que l'on connait si bien, que l'on a nous même arpentés sans fin, à la recherche de l'impossible. Les accélérations, le balayage nerveux, les plages plus calmes. Ce sont des désirs qui se heurtent, se cherchent, se trouvent lors d'étreintes cabossées, existentielles : une universitaire Chinoise et un mec qui monte les stands des marchés. Imaginez le plus libre des cinéastes chinois filmant à la sauvette, depuis son exil intérieur, une cité minière du Nord. Qui se paye le luxe de continuer de narguer les autorités chinoises à Pékin même. Et toujours drainé par la musique Peyman YAZDANIAN. Et la voix de Corinne YAM... Tahar Rahim, à qui tout a du être ouvert et offert, a délibérément choisi de tourner avec Lou Ye. Si ça c'est pas un choix décisif... chapeau bas mec. Les films de Lou Ye importent ; l'avenir le prouvera ; ce n'est qu'une question de temps