Quelle déception ! 5 ans après le petit chef-d’œuvre qu'était "Le fils de l'épicier", on attendait autre chose de la part d'Eric Guirado. Autre chose en matière de cinéma et autre chose comme sujet. Commençons par le sujet : tiré d'une histoire vraie, l'affaire Flactif, "Possessions" est un film sur l'envie, sur la jalousie, sur la frustration. Malheureusement, Eric Guirado, si convaincant dans la tendresse et le justesse du "fils de l'épicier", n'est pas fait pour la noirceur de ce crime hors-série. Son film n'arrive jamais à décoller et on s'ennuie assez souvent. En plus, il en arrive malheureusement à faire une caricature de ces gens qui ont du mal à joindre les 2 bouts, qui manquent de culture, qui se conduisent mal avec les autres, qui, bien sûr, se révèlent racistes dès qu'on creuse un peu et qui rêvent devant les maisons, les voitures, les bateaux des nantis. Ces derniers, par contre, sont peints d'une façon beaucoup plus favorable, même si, vers la fin, le scénario s'interroge un peu sur leur honnêteté. Dans cette période où l'on commence à déplorer des écarts de revenus indécents, les gros sabots d'Eric Guirado tombent un peu mal. Pour ce qui est des comédiens, on les sent mal à l'aise dans leurs rôles respectifs, à l'exception de Lucien Jean-Baptiste et Benoît Giros. Jérémie Renier est moyen, Julie Depardieu beaucoup moins convaincante que d'habitude. En fait, il aurait fallu un Michaël Haneke pour traiter un tel sujet.