Ce film, Stacy, est un métrage de zombies étonnant, mais qui, clairement aurait du choisir la voie du film sérieux, sachant qu’il est nettement plus réussi du point de vue sentiment, que du point de vue délirant.
Le casting est franchement très moyen, et peine à assumer vraiment ici. Les acteurs sont fades, notamment le duo principal, qui peine à nous transporter, et il y a une multitude de personnages caricaturaux, et, comme souvent dans le cinéma asiatique, excessifs avec une forte tendance au cabotinage outrancier. C’est ici le cas, et même si l’on se trouve dans une comédie franchement décalée, il est dur tout de même de supporter certaines des prestations (je pense au savant mais coté surjoué clairement les trois tueuses se posent là). La faiblesse des acteurs est d’ailleurs peut-être ce qui a incité le réalisateur à s’orienter plus vers la comédie pure et dure que vers le drame romantique.
Le scénario justement a deux tons. Le premier est celui d’une comédie horrifique gore style Evil Dead ou Braindead. Franchement c’est très moyen. D’une part car le cinéma japonais nous gratifie d’une multitude de films de ce genre ces dernières années, avec souvent un coté beaucoup plus prononcé dans le genre humour noir ou caustique ou dans la « potacherie » pure et dure. D’autre part car le film en lui-même peine à vraiment aligner du solide coté gags, coté humour, et précisément à offrir quelque chose de différents ou de mieux que les modèles qu’il n’hésite pas à citer. On s’amuse de temps à autre, mais Stacy reste une comédie assez inoffensive finalement, avec pourtant un gros potentiel. Le second ton est celui de la romance dramatique. Et là curieusement le film, qui ne s’y attarde que peu, se montre plus avenant, et surtout plus audacieux et originale. Il y avait beaucoup à creuser de ce coté là, avec quand même un potentiel tragique qui aurait pu faire des étincelles, mais le film, sauf à la fin, oublie trop souvent cet aspect, qui aurait pu lui offrir une singularité et une fraicheur bienvenue.
Visuellement Stacy reste un film à tout petit budget, avec une dimension « amateuresque » certaine. Je relève une mise en scène inégale, qui pioche dans ses classiques (certaines scènes rappelleront furieusement des films de Romero ou de Raimi par les angles choisis où les procédés visuels mis en œuvre), mais qui parfois se plante aussi. Le début est signifiant de ce point de vue, et le réalisateur se montre parfois un peu trop planplan. La photographie est fade, et manque clairement d’allure, pas forcément soutenue par des décors ma foi très limités. Le budget du film étant faible je ne serai pas trop dur, mais enfin c’est vrai que l’on sent là une série B sans grand moyen. Les effets spéciaux sont artisanaux, et même si la plupart ne font pas illusions (il y a quand même de bonnes surprises), cela s’accommode pour le coup pas mal avec le ton comique du film. Je termine sur la musique, en disant justement qu’elle repose le problème des deux tonalités du métrage. Clairement orienté « romance dramatique », elle est belle, douce, élégante même, mais en total décalage avec la loufoquerie ambiante. Cette variation de ton est vraiment gênante.
En clair, Stacy est un film de zombies appréciable, avec son petit budget, et qui a quelques qualités. Mais il n’a pas su sur quel pied danser, et cela lui est nuisible. En chassant plusieurs loups à la fois, le film finit par se disperser, et ne plus remplir son office véritablement dans aucun domaine, d’autant qu’il est court (1 heure 19). Le spectacle reste honorable, mais sans plus. Je pousse jusqu’à la moyenne, mais c’est vraiment en appréciant le tout petit budget du film, sinon il est en dessous à mon sens.