Peut-on être le frère d’une petite frappe, le fils d’un alcoolique déboussolé et échapper à son destin déjà tout tracé ? Transcender sa condition sociale ou sera-t-on victime toute sa vie de son environnement ?! Dans la lignée du meilleur film jamais fait sur ce thème des enfants délinquants (voir dans ce cas-ci, psychopathes) en la personne de Class 1984 de Mark Lester, et peu de temps après le superbe Eden Lake sortit il y’a maintenant 3 ans, c’est maintenant au tour de Peter Mullan (Orphans, Magdalene Sisters) d’essayer de répondre à ces questions-ci en nous livrant une chronique sociale sur la délinquance des jeunes vraiment époustouflante. NEDS (Non-Educated DelinquentS) raconte l’histoire de John Mcgill, sur le point d’entrer au collège, fils d’un père alcoolique et bien qu’il soit élève modèle, il va vite subir les préjugés de ses professeurs dût à son frère Benny, membre d’un gang et exclut à vie du collège. Menacé par un jeune de banlieue, John va faire appel à son frère et ses fréquentations pour le défendre, chose qui va vite lui ouvrir les portes du gang et de la délinquance, très répandu à cette époque. Tout d’abord, saluons le casting parfaitement mené par un Conor McCarron (John McGill – prix d’interprétation masculine au festival de San Sebastian) vraiment génial à la prestation électrique dans son rôle, fort en psychologie, véritable métamorphose d’un enfant modèle en petite frappe, passage de l’école à la rue, de victime à bourreau, de persécuté à persécuteur, de John McGill à John McGill, le passage au statut de NEDS. Cette métamorphose si efficace soit elle avec le recul, est rondement bien commencé avec un Gregg Forrest que nous saluons également pour sa jolie prestation (John McGill enfant). Ce film est à « 35% » autobiographique comme l’a souligné le réalisateur Peter Mullan puisque lui aussi était un élève studieux avant de fuir avec un gang de Glasgow. Egalement une approche quelque peu impressionniste comme de superbes plans et d’autres filmés à travers le point de vue du personnage principal aussi attachant que charismatique et auquel s’identifie le réalisateur comme cette scène avec Jésus-Christ peu probable, dans ces scènes on se doute que Peter Mullan veut y faire passer sa vision des faits, son témoignage comme ce plan final ou j’y est compris qu’au final tout est question de rapports de force animaux, de confrontations physiques, d’esprit de domination sur ce plan final avec les lions entre John et Canta. Une mise en scène d’exception, une jolie bande sonore contrastant parfois efficacement avec la violence de certaines scènes réalistes et d’une efficacité remarquables, un scénario très plaisant, ou chacun y trouvera ses points positifs. NEDS, malgré cette violence évidente peut aussi résonner comme un film plein d’espoir ou Peter Mullan ne prend ni le camp de la délinquance, ni le camp de la sagesse mais plutôt de nous démontrer ce qui se passe dans chacun d’entre eux, car dans chacun des cas, la violence y sera grandement présente étant donné la violence de notre monde actuel. Doté d’une photographie fortement réussit et de caractère, ce film 100 % briton est un vrai film puissant auquel on s’attend bien évidemment ( 2 prix et 2 nominations) car vite conscient de ces qualités indéniables, on ne peut qu’admirer des scènes fortes en émotion, en suggestion propre au réalisateur, en efficacité maître, des plans vraiment puissants et une direction d’acteur intelligente. A souligner que j’ai vu ce film en version originale sous-titré (V.O.S.T), ce qui ne m’a aucunement dérangé, au contraire ça nous aide à nous fondre dans la masse et l’univers de ces NEDS, ici au niveau vocale.
Financé en partit par de l’argent français , NEDS est une pure beauté, cependant contrairement à ce que certaines pensent, NEDS n’est en aucun cas une thèse mais plutôt une puissante démonstration de la délinquance chez les jeunes. Vous voulez-voir un NEDS ?! Vous allez voir un putain de NEDS ! Epoustouflant et brillant !