À travers l’itinéraire d’un collégien à l'avenir prometteur, victime de son environnement social, un portrait sombre et fataliste d’une jeunesse à la dérive dans l’Ecosse des 70’s. Un récit d’apprentissage qui démarre pas mal avant de s’éparpiller.
On frôle le très grand film... Un jeune d'un milieu défavorisé mais malgré tout gentil, bien élevé et excellent élève se transforme en un membre de gang violent et sans pitié ; On dirait du Ken Loach version hard. Outre la bonne reconstitution d'une époque et d'une ambiance on note remarque les excellents choix d'acteurs et des scènes marquantes (le prof déçu, le père insultant son épouse le soir tombé...). Le seul problème important est sans doute ce changement de cap radical de l'adolsescent en si peu de temps (vacances scolaires après 2 ans d'études forcenées) ; pourquoi ce virage aussi brutal ?! Quoi, qui, pourquoi cet ado change si vite ?! Un scène paraît également maladroite, autant dans le choix de la musique que la mise en image (rencontre avec Jésus)... Cependant on reste dans un cinéma social et réaliste comme seul les britanniques savent le faire. A voir.
Huit ans après son deuxième film en tant que réalisateur, le magnifique Magdalene sisters, l'excellent acteur Peter Mullan revient derrière la caméra avec Neds. Après les jeunes filles irlandaises, ce sont ici les jeunes garçons écossais qui ont la vedette. Un surtout, John, dont on va suivre le parcours chaotique sur quelques années de son adolescence. Il est incarné par Conor McCarron (à suivre) dont c'est le premier film, et il est tout bonnement étonnant. Un rôle aussi fort et dérangeant que le film. Celui-ci est dans la plus pure lignée du film social anglais cher à Ken Loach. On sent les références du metteur en scène, lui qui a déjà joué sous la direction de son illustre ainé. Sa mise en scène est tout aussi sèche, puissante et politiquement incorrecte. L'ambiance est lourde et glauque. Les images grises nous plongent dans une descente aux enfers dont on ressort assez ébranlé. Difficile de trouver un peu d'espoir dans toute cette noirceur même si au final on en aperçoit la pale lueur... Un film noir et puissant qui confère à son réalisateur Peter Mullan un statut de metteur en scène sur qui il faut compter...
Très souvent présent chez Ken Loach en tant qu'acteur, le quinquagénaire écossais Peter Mullan est devenu depuis une dizaine d'années un réalisateur reconnu. En fait, c'est même la réalisation qui l'avait attiré dans la sphère cinématographique et ce n'est que parce qu'il n'avait pu intégrer l'école nationale de cinéma qu'il s'est orienté vers le métier d'acteur. Après les excellents "Orphans" (1988) et "The Magdalene Sisters" (2002), "Neds" est son 3ème long métrage de cinéma. Un film qui a représenté pour moi une énorme déception : voilà un film très personnel, avec un sujet a priori très fort et qui, pour moi, passe complètement à côté de celui-ci. Tout d'abord, il faut savoir que "Neds" signifie "Non-educated delinquents", "délinquants sans éducation" si vous préférez; ou "sauvageons" en langage Chevènement. Par rapport à tous les films qu'on a pu voir sur un tel sujet, "Neds" présente la particularité de s'intéresser à un cas un peu particulier : issu d'un milieu défavorisé, John McGill est, au départ, un élève timide et brillant à l'école. Cela existe dans la vraie vie, heureusement, et il arrive que ça continue ainsi jusqu'au bout. Moins qu'il y a 30 ou 40 ans mais ça arrive encore. Mais ça, on ne peut guère en faire un film ! Par contre, si l'enfant sage, timide et brillant se transforme en animal violent et brutal, cela peut faire un bon sujet de film avec l'évolution psychologique de l'individu devenant le sujet principal de film : pourquoi cette évolution ? Comment ? Et c'est là que "Neds" est raté : il n'y a pratiquement pas d'évolution progressive, il y a un passage brutal d'un état à l'autre, sans qu'on sache ni pourquoi, ni comment ! Au lieu d'un film passionnant (dans un milieu défavorisé, un élément positif et brillant est-il condamné inéluctablement à se transformer en bête sauvage ? Si les injustices de la société le pousse à se révolter, n'a-t-il pas le choix entre la révolte positive de type politique et la révolte de type délinquante ? etc.), on a droit à deux demi-films peu intéressants : la description d'un enfant timide et brillant dans un milieu défavorisé et la description, déjà souvent vue, d'un jeune délinquant.
Neds, quatre lettres qui forment l’acronyme désignant une partie de la population délinquante, se situe durant les années 70 dans les quartiers populaires de Glasgow. En dépit de son intelligence remarquable et de sa volonté à s’en sortir – comme l’atteste son combat pour passer dans la classe prestigieuse à la fin du trimestre – John McGill semble rattraper par son environnement, victime malgré lui du déterminisme social. Il est vrai qu’entre un frère aîné protecteur, mais qui a déjà pris le mauvais chemin, et un père alcoolique – stupéfiante interprétation du réalisateur lui-même – la vie du jeune John, solitaire et rejeté des bandes, n’a rien de bien réjouissant. S’il n’est pas réellement expliqué – chacun sera libre d’y trouver ses propres motifs – le basculement du John effacé et peureux en meneur despotique à la violence froide, surgissant sans crier gare, le métamorphose en lui faisant tourner le dos à des études brillantes et prometteuses. Le film pêche par sa longueur et son indécision. On a parfois du mal à saisir là où le réalisateur de The Magdalene Sisters veut nous entraîner à sa suite, hésitant entre les registres du drame social et de la comédie d’adolescents bagarreurs, réunis en bandes rivales. Même si les coups font saigner, les rixes sur le pont qui entrejambe la rivière semblent d’abord respecter des rituels séculaires que le débordement incontrôlé de John ébranle. Banni de son domicile et abandonné par ses potes, John dérive et ne semble plus trouver le moindre salut, y compris dans sa rencontre onirique avec…Jésus-Christ. Dès lors, on pourra regretter que le cinéaste ne poursuive pas jusqu’au bout cette descente aux enfers. Il n’en reste pas moins que Neds, comme c’est souvent le cas dans le cinéma britannique, bénéficie d’un casting remarquable, au milieu duquel l’inconnu Conor McCarron qui éclate dans un rôle buté et meurtri. Neds est donc une œuvre très honnête, réalisée avec le cœur et les tripes, n’omettant jamais de poser un œil critique sur les dysfonctionnements de la société écossaise : système éducatif coercitif et séparation très marquée des classes sociales. N’y a-t-il d’ailleurs pas à chercher dans le rejet de John par la famille friquée de son copain une des clefs de sa transformation ?
La délinquance du début des années 70, avant le mouvement punk, déjà socialement saturée par la précarité. Un contexte qui n'explique pas tout dans ce film. C'est une toile de fond, mais ce qui motive son héros c'est la rigidité moralisatrice de la société anglaise. La violence qu'elle fait subir à cette jeunesse sans idéaux entraine une autre violence. Un simple constat par Peter Mullan qui ne s’appesantit pas sur la dénonciation. Ce n'est pas "The Magdalene Sisters" dans les cités ouvrières. Son film est parfois drôle, parfois dramatique. Comme s'il tentait de saisir des souvenirs personnels. Une nostalgie pas du tout dégoulinante, et en même temps un vrai sujet de cinéma social anglais.
Des acteurs extra, mais une histoire qui traîne en longueur et un scénario paresseux qui échoue à montrer la montée progressive de la haine de cet adolescent, dont les motivations restent flouent et enlèvent tout son intérêt à l'ensemble. Au final un film ennuyeux et pas très original, malgré quelques scènes choc.
Un grand film anglais, dans la lignée de This Is England. Des jeunes acteurs magnifiques de naturel, pour un film brute sur la délingance, la domination. Le film prend de ton celui drame (bien britannique) et la comédie mais arrive à trouvé un juste milieu. La musique est assez mal choisi, un poil trop long. Un vraie grand filme qui marque les esprits.
Troisième long-métrage de la part du cinéaste écossait qui en profite pour réaliser un drame social quasi-autobiographique (il a lui aussi sombré dans la délinquance et son père était alcoolique). Avec Neds (2011), il nous montre à quel point son héros est condamné d’avance, en ayant un grand frère délinquant et exclu de son école, un père alcoolique qui tabasse sa mère et évoluant au sein d’un système éducatif complètement déviant, le jeune John McGill a sans le vouloir, son destin tout tracé et constamment semé d’embûches et ce, malgré toute sa bonne volonté. Surdoué mais évoluant au sein de la classe ouvrière, entouré d’un côté par un climat familial désastreux et d’un autre, par la violence engendrée par la délinquance, John McGill aura fort à faire pour ne pas se faire influencer et sombrer du mauvais côté. Peter Mullan nous replonge dans les années 70, en Ecosse où les NEDS (Non Educational Delinquents), de dangereuses petites frappes, font régner la terreur dans les quartiers. Un drame social et sociétal parfaitement retranscrit dans son époque (qui pourrait très bien se dérouler de nos jours), parfaitement mis en scène où excelle de jeunes acteurs (dont Conor McCarron). Peu prolifique derrière la caméra, Peter Mullan a pourtant tout d’un réalisateur de talent (comme en atteste ses trophées lors du 58ème Festival de San Sebastian : prix du Meilleur Film ainsi que le Prix d’Interprétation masculine pour Conor McCarron).
Dans la lignée d'un "Hooligans" et d'un "This is England", "Neds" raconte l'histoire d'une jeunesse en perte de repères qui ne trouve d'exutoire que dans la violence et dans les liens fraternels que les jeunes délinquants ont entre eux. Entre scène émotionnellement fortes et de violence, "Neds" nous prend aux tripes et nous bouleverse grâce, notamment, à une interprétation sans faille de Conor McCarron dans le rôle principal.
Après "The Magdalene Sisters", on attendait mieux de Peter Mullan que ce drame social ampoulé et démonstratif qui n'évite aucun cliché du genre, malgré la sincérité indéniable du cinéaste.
"NEDS", le dernier Peter Mullan, un cinéaste qu'on apprécie pour sa rudesse "prolétarienne" et qui tranche avec 99% de ses confrères réalisateurs, mais que l'on redoute pour sa tendance à asséner ses vérités comme des coups, passe assez près de la réussite pour qu'on ne se sente pas frustré d'écrire : "Encore raté, Peter, sorry !". C'est que le film commence de manière assez impressionnante, avec une justesse et une finesse qui rappelle l'époque du grand cinéma-BBC anglais des années 70 (le fait que "NEDS" s'inscrive dans cette époque aide évidemment...) et les meilleurs Ken Loach (ses premiers films) : grâce à des acteurs à la rugosité et au naturel stupéfiants (...mais s'agit-il d'acteurs professionnels ? Sans doute pas...), à une image ultra-réaliste supportée par un montage sans fioritures, c'est bien simple, "on y est", et on vibre à chaque pas de cette véritable tragédie de l'exclusion sociale, du stéréotypage, qui emprisonne le passionnant personnage principal dans le piège implacable de ses origines. Et puis, surprise, je ne saurais dire ce qui se passe dans la tête de Mullan (par ailleurs extraordinaire dans un rôle "secondaire" mais essentiel, mais il décide de faire du Coppola, voire du Peckinpah (c'est lui qui le dit dans un interview), et "NEDS" prend un tournant littéralement grotesque, qui prouve clairement que Mullan ne maîtrise pas la transcendance ou le symbolisme. La dernière scène, fausse bonne idée à la symbolique pesante, enfonce encore le clou d'un semi-ratage d'autant plus décevant que le film avait merveilleusement débuté.
Si l’on veut se faire une vague idée de ce qu’est « NEDS », on pourrait dire que c’est le croisement entre « Sweet sixteen » de Ken Loach et « This is England » de Shane Meadows. Leur point commun : le destin d’un jeune garçon des classes populaires à la famille plus ou moins déstructurée qui essaye de trouver son chemin entre délinquance et vie plus rangée. Ici John McGill élève brillant fils d’un père alcoolique et frère d’une petite frappe, voit son adolescence tanguer entre le gang de rue dans lequel il est entré et sa vie scolaire dans laquelle il brille. Peter Mullan qui, outre la réalisation joue également le rôle de ce père alcoolique et désespéré, suit au plus près ce garçon hypersensible qui incapable d’exprimer ses sentiments envers les deux êtres qu’il aime le plus – son père et son frère – se livre de plus en plus dans une violence jusqu’au-boutiste à la limite du suicide. Le jeune acteur pour qui c’est le premier rôle (comme pas mal des jeunes acteurs de ce film) livre une prestation saisissante de réalisme et de force et les moments où les dialogues sont absents, notamment pendant les faces à faces avec son père, sont des moments où son talent éclabousse l’écran. Le film peut rebuter un peu cependant par l’absence d’indice quand au mal-être de ce garçon dont la violence semble parfois outrée et gratuite, mais il s’avère au contraire sobre et subtil dans son exposition des forces qui sous-tendent cette attitude autodestructrice. L’examen que fait Mullan du système scolaire écossais dans les années soixante-dix n’est pas tendre : violence des rapports profs-élèves à base de punition corporelles et de stigmatisation de l’échec avec pour effet pervers de stigmatiser les bons élèves de façon plus aiguë face à leurs pairs. Un film âpre sur l’adolescence, la famille et son influence sur les enfants et qui évite sans l’exclure tout happy-ending consensuel. Un film injustement ignoré qui pourtant est l’excellent troisième opus d’un réalisateur au talent brut.
Exemple typique du film qui commençait très bien mais qui finit torchon chiffon carpette, NEDS narre l'histoire du jeune John McGill, élève surdoué et sensible vivant dans l'ombre de son délinquant de grand frère qui, malgré un avenir prometteur et une absence de raisons objectives, sombre dans la connerie la plus crasse à l'occasion d'une rencontre avec les branleurs du coin qui l'adoubent immédiatement après avoir pris connaissance de sa filiation avec son caïd d'ainé.
Passé ce point, la dégringolade du personnage énerve plus qu'elle n'émeut, et ce malgré l'étalage de toutes les causes possibles et imaginables pour la justifier, comme si de part le sujet du film, le réalisateur avait voulu démontrer ce fatalisme dont il affuble, contre toute vraisemblance, son personnage, emmenant le spectateur vers un final pour le moins mystérieux voir vaseux, en complet décalage avec la rigueur démonstrative d'une première partie semblant vouloir exposer les mécaniques de la violence.