Il est toujours passionnant de lire les critiques de certains professionnels sur les films et surtout sur les acteurs et les actrices évidemment, que certains s’évertuent coûte que coûte à cantonner dans un registre qui leur collerait à la peau, irrémédiablement. Apparu en tenue d’Ève dans ses premiers rôles, dès sa prime jeunesse et arborant un corps à faire frémir tout mâle normalement constitué comme l’on dit, voilà une actrice qui à l’aube de ses 50 ans sera encore qualifiée de sexy, alors même qu’elle présente dans sa filmo, des rôles dramatiques, sombres et très loin d’une image de bimbo, légèrement vêtue. Il en va de même pour Vincent Cassel, qui il est vrai est en partie responsable de cela, mais tout de même. Le rebelle de la Haine, le bad boy de Mesrine, l’énigmatique du Pacte des Loups, le place souvent dans un registre d’action, mettant en valeur son physique si particulier et avouons le ses multiples talents, castagneurs, danseur, enfant de la balle et adepte dans la rigueur du cirque en main à main. Alors, voir Vincent Cassel en moine capucin, jouant du regard et retenu dans son jeu physique, est un risque majeur que cet acteur hors du commun à su prendre. J’ai toujours cet a priori un peu négatif contre l’homme, sans d’ailleurs pouvoir motiver cela en dehors du fait qu’il revendique certaines choses trop éloignées de moi, (la banlieue, les ‘’racailles’’, l’inclinaison bad boy rebelle, le droit à une différence), ce qui me permet d’être d’autant plus objectif vis-à-vis de l’acteur. Sa dernière prestation dans une pub réclamant le ‘’droit au luxe’’ est pour moi le summum du mauvais goût et m’agace au plus haut point, moi le réac de service pour qui le droit, (aux choses par exemple), est avant tout soumis à l’acceptation du devoir, de la reconnaissance, du respect des anciens. Rien n’est gratuit en ce bas monde et il est démagogique de faire croire à certaines personnes, (influençables), que tout est possible et dû, sans avoir le moins du monde à assumer des engagements et à respecter des devoirs. Vincent Cassel n’est donc pas physique dans le Moine, mais démontre de grandes qualités d’acteur. Il assume son rôle avec charisme et force, en finesse, ce qui reste une très bonne performance, il faut le reconnaître. Il y a aussi le choix du film peu évident pour cet acteur qui n’en est pas à sa première prise de risque. Mais le Moine n’est pas Cassel à lui tout seul. On regrette, dans ce film annoncé comme une référence de l’univers gothique, (en tous cas le livre que je n’ai pas lu), le manque de puissance et de dérangement que l’on est en droit d’attendre. Certes, on fleurte un petit peu avec les limites, mais cela reste aseptisé, trop et c’est dommage. Cela enlève de la pression à des moments où l’on aimerait se faire transporter un peu plus par l’histoire. On tutoie la religion, l’hérétisme, on attend avec impatience plus de sensations moyenâgeuses, une ambiance, qu’une crainte s’installe. Par moment on espère, puis cela retombe comme par malchance. Reste que le thème est traité, ce qui en fait un bon film à défaut d’en faire un excellent. L’image, la photographie est par contre de toute beauté, (Patrick Blossier). En cela, le film est une réussite parfaite et très attractive. La lumière, élément essentielle dans l’image est maîtrisée et l’on sent que le réalisateur a joué avec dans un but précis. Cette image des décors et des ambiances, renforce, les actrices et les acteurs dans la performance et les expressions. C’est une grande qualité du film. Catherine Mouchet qui m’avait subjugué entre autre dans Thérèse reste troublante et Joséphine Japy et Déborah François apporte la fraîcheur de la jeunesse. On ne regrette évidemment pas Sergi López en débauché et on détestera Géraldine Chaplin en abbesse cruelle et intransigeante. Film de genre de Dominik Moll, qui sauf à détester la religion, le gothique, la SF, le moyenâgeux, ne devrait pas vous laisser sans réaction. A voir au moins pour l’image et pour Vincent Cassel qui reste surprenant.
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