Troisième enquête de Basil Rathbone sous les traits du célèbre détective (qui change, au passage de studio, Universal remplaçant la Fox), ce "Sherlock Holmes et la voix de la terreur" (qui s’inspire vaguement de la nouvelle "Son dernier coup d’archer") est, avant tout, un film de propagande anti-nazie, sorti en plein milieu de la Seconde Guerre Mondiale alors que Londres subi les assauts du Blitz. Ainsi, ce brave Sherlock et son fidèle Watson se voient transposés dans les années 40 (ce qui n’est, pour l’instant, pas le cas de Madame Hudson, de Lestrade ou encore de Moriarty), par le biais d’un opportun carton d’introduction évoquant le fait que le détective "n’a pas d’âge". Le procédé peut faire sourire mais il confère, aujourd’hui, une formidable valeur à ce film (le premier de la série à être consacré à la lutte anti-nazie). Plus qu’un film, c’et un morceau d’Histoire auquel on assiste et qui se montre particulièrement révélateur des méthodes utilisées pour contrer le Nazisme (la production du film aurait été initié par Churchill lui-même) ainsi que l’image donnée du potentiel envahisseur (fourbe, menteur, criminel, introduit jusqu’aux plus hautes sphères… mais, au final, vaincu par la Grande Angleterre) et des peurs de l’époque (survol du sol anglais par les avions ennemis, débarquement des nazis sur les côtes, armée invisible d’agents infiltrés dans Londres…). Pour autant, le film ne vaut pas que par cette valeur historique. Il s’avère, également, réussi sur le plan cinématographique. Dès l’introduction, avec les terrifiants messages de la "voix de la terreur", on se retrouve dans une ambiance d’insécurité permanente où un bâtiment peut exploser à tout moment. L’enquête réussit à surprendre puisque l’identité de cette fameuse "voix de la terreur" est tout sauf évidente. Les seconds rôles sont, en outre, irréprochables avec la belle Evelyn Ankers (qui, film de propagande oblige, campe la martyre courageuse victime de l’infamie nazie), l’excellent Henry Daniell en membre du Conseil retors encore le détestable Thomas Gomez en agent nazi. Quant au duo vedette, il est, désormais, parfaitement rodé au point que Basil Rathbone se permette de faire douter de l’infaillibilité de Holmes. Nigel Bruce, quant à lui, compense toujours la passivité de Watson par de petites touches comiques. Evidemment, outre les limites imposées par les motivations premières du film (un film de propagande n’étant pas forcément très subtil dans sa description de l’ennemi) et celles plus formelles, nous rappelant qu’on est bien dans les années 40 (ce qui ne manquera pas de déplaire à une grande part du public récent), ce troisième "Sherlock Hommes" souffre, comme la plupart des épisode de l’époque Rathbone, d’un premier degré qui, aujourd’hui, ne serait plus acceptable (Holmes droit dans ses bottes et ses convictions malgré les conséquences, Watson admiratif et dépourvu de tout sens critique envers son ami, les énigmes qui se résolvent pratiquement d’elles-mêmes). Pour autant, ces défauts ne me paraissent pas plus dérangeants que ça puisque, outre le fait qu’il s’agisse de vieux films, ils ont permis, plus que les livres, de forger l’image de Holmes dans l’imaginaire collectif et servent, aujourd’hui encore, de référence. Et puis, tout film de propagande qu’il soit (mention au discours final, vibrant de patriotisme), ce troisième épisode est meilleur que le précédent, qui souffrait d’un manque de consistance certain.