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traversay1
3 558 abonnés
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3,0
Publiée le 19 janvier 2011
La Barra (la traduction littérale du titre espagnol serait Le piège à crabes) est le premier film d'Oscar Ruiz Navia. Récompensé dans plusieurs festivals, dont Berlin et La Havane, il est le candidat présenté par la Colombie pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. Tout l'intérêt de ce premier long-métrage contemplatif réside dans le hors champ, dans ce que l'on devine, ou croyons deviner. Quelques informations sont données avec parcimonie, ce village de La Barra, en bord de mer semble loin du monde, les images violentes de Bogota ou Cali ne sont qu'un fond sonore fourni par la télévision, et pourtant la tension est palpable. Il n'y a plus de poissons dans l'océan, les habitants de toujours, noirs, sont menacés par un entrepreneur blanc qui a l'intention de faire du lieu un site touristique. Et qui est donc cet étranger qui semble fuir son passé et devient témoin passif des événements du village ? Fidèle à son parti pris de ne rien expliquer, Ruiz Navia laisse le spectateur se faire son cinéma. Il préfère se concentrer sur son cadre et ses images, très léchées, sans excès d'esthétisme. Il en résulte une certaine poésie, un envoûtement progressif, pour peu qu'on se laisse aller sans chercher une raison à toute chose. L'aspect documentaire, avec une majorité de comédiens amateurs, renvoie au film mexicain Alamar, dans cette évocation d'un mode de vie et d'un univers menacés par la modernité. Et c'est fascinant, même si on ne possède pas toutes les clés pour décoder le propos du réalisateur.
Un subtile mélange entre contemplation spirituelle et tension interne, 'La Barra' fascine, interroge et nous laisse errer entre ses mystères et les questions qu'ils posent ou ne posent pas. Daniel semble vouloir fuir quelque chose, son passé pendant que les habitants de l'île, eux, se battent pour leur propre survie. En effet, une grave pénurie de poissons les touche, la faim anime les passions et les animosités. Daniel, au milieu de tout ça, détonne un peu, et pourtant il va nouer certains liens avec toujours un détachement qui lui est propre.. Puis, finalement, au fil des minutes, on en arrive à ne plus forcément attacher d'importance à ce qui n'en a pas. Ce film est avant tout un délice visuel, auditif et sensitif. C'est une projection dans un univers étrange, immense, parfois tendu, parfois totalement paisible. 'La Barra' est une expérience, lascif, une jouissance, une recherche et une attente. C'est une émotion avant d'être un long métrage scénarisé. Une impression qu'il faut autoriser et un miroir sans subterfuge.. A apprécier !