En tant que réalisateur, Tom (ou Thomas) McCarty, c'est comme les Jeux Olympiques : tous les 4 ans. Après "The station agent" en 2003 (diffusé il y a peu sur Arte), "The Visitor" en 2007, "Les Winners" est le 3ème long métrage de ce comédien de 45 ans qui commence à se faire une bonne réputation dans le monde du cinéma indépendant "made in USA". Il écrit lui-même ses scenarii et, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il sait s'écarter des chemins battus et rebattus. Comme d'habitude, ce natif du New Jersey ne s'est pas écarté de la région New-York / New Jersey. Ce coup ci, il a même choisi de situer l'action de "Les Winners" à New Providence, la petite ville de 12 000 habitants dans laquelle il habite. Il a choisi de s'intéresser à une famille de la classe moyenne, les Flaherty, dans laquelle le père Mike est un petit avocat dont le cabinet souffre de la crise économique et la mère Jackie est mère au foyer. Dans sa jeunesse, Mike a été un lutteur très modeste mais il a gardé un certain goût pour ce sport particulier, au point d'entrainer l'équipe du lycée de la ville. Les résultats sportifs sont catastrophiques jusqu'au jour où apparait Kyle, le petit-fils de Leo, un client de Mike. Kyle est un grand adolescent en plein conflit familial mais c'est aussi un excellent lutteur. Après un début réalisé sur un mode très "piano", le film prend petit à petit un rythme qui, sans aller jusqu'à l'allegro, entraine de plus en plus le spectateur. Comme dans ses 2 premiers films, Tom McCarty sait tirer le meilleur de ses comédiens et il sait aller les filmer au plus profond, au delà de la barrière des yeux. Comme dans ses 2 premiers films, il se refuse à faire l'acteur dans son propre film. Par contre, on retrouve avec plaisir Bobby Cannavale qu'on avait déjà vu dans "The station agent". Kyle est joué par un jeune lutteur dont c'est la première apparition à l'écran : il est excellent et pas seulement comme lutteur ! Quant à Paul Giamatti (Mike) et Amy Ryan (Jackie), ils sont fidèles à la réputation certaine qu'ils ont déjà. Autre qualité de Tom McCarty : il tient toujours à placer ses films dans un certain contexte social. On savait depuis longtemps que beaucoup d'américains étaient obligés de cumuler 2 ou 3 boulots pour s'en sortir. Avec la crise actuelle, on voit que cela n'est pas réservé qu'aux plus pauvres : notre avocat Mike se trouve obligé de travailler en plus comme barman pour faire vivre sa famille. En tout cas, sans atteindre tout à fait les sommets de "The Visitor", "Les Winners" est un film qui film qui mérite un large public.