Le meilleur Woody Allen depuis Match Point, haut la main. Minuit à Paris est pétillant, une petite "bulle d'euphorie", avec son côté éphémère, voire dérisoire, et le plaisir de l'instantanéité. Et l'effet Cendrillon inversé, quand la citrouille devient carrosse après les douze coups de minuit, est particulièrement jouissif. De la magie pure, avec ce voyage dans le temps, le Paris des années 20, bourré de clins d'oeil à base de Name Dropping, d'une superficialité voulue et assumée. Au fond, Minuit à Paris n'est pas très sérieux, c'est une fantaisie, un fantasme débridé, il ne faut pas lui demander ce qu'il n'a pas l'intention de donner. Au passage, Allen s'en prend avec bonheur à la pédanterie de certains "experts", qui savent tout sur tout. Lui, il fait le choix de la légèreté et de la carte postale détournée, avec une belle humilité. A noter également que, désormais, le cinéaste fait maintenant plus confiance au comique de situation qu'aux saillies verbales qui ont fait sa réputation. On rit moins, c'est un fait, mais on sourit, en toute connivence. Sur le plan technique, Minuit à Paris n'est pas non plus l'oeuvre d'un manchot ou d'un réalisateur vieillissant. Le montage est l'un des points forts du film. Aucune scène n'est étirée, au contraire, il joue sur la frustration de ne pas aller plus sur la profondeur. Toujours cette idée de superficialité volontairement frustrante. La réalisation n'a l'air de rien, mais certaines scènes sont assez remarquablement filmées, celle des extérieurs de Versailles, en particulier, d'une virtuosité tranquille dans son découpage, alternance de plans moyens et de gros plans, à revoir en DVD, pour s'apercevoir de la complexité de la mise en place. Paris valait bien une fête allenienne !