l ne faut surtout pas croire qu'au Festival de Cannes, tous les meilleurs films sont réunis dans la compétition officielle. C'est ainsi que, cette année, un des films les plus puissant, un des films les plus passionnant, en résumé, un des 2 ou 3 films que j'ai préférés à Cannes 2010, avait trouvé sa place à la Quinzaine des Réalisateurs. Deuxième long-métrage du belge Olivier Masset-Depasse, il raconte l'histoire de Tania, une russe sans-papier vivant clandestinement en Belgique avec Ivan, son fils de 13 ans. Sans espoir de pouvoir un jour être considérée comme réfugiée politique, elle est amie avec une biélorusse qui, elle, a cet espoir. Par contre, Tania était professeur de français en Russie, ce qui l'aide considérablement dans sa vie de tous les jours. Ce film absolument passionnant, nous montre quasiment de l'intérieur,et sans aucun pathos, ce que c'est qu'être sans-papier dans un pays européen de l'ouest. Il montre comment la vie dans un centre de rétention peut conduire certains au suicide. Il montre le comportement des flics : un premier événement fait dire aux spectateurs français que les flics belges semblent avoir un comportement plus "propre" que pas mal de flics français, mais ensuite, on se dit qu'ils doivent avoir également des Besson et des Heurtefeux tout en haut de leur hiérarchie ! Il nous montre qu'heureusement, une certaine solidarité peut exister avec des belges de souche. Il nous rappelle ce que sont celles et ceux qu'on appelle "les Dublin" (trop long à expliquer, allez voir le film !). Et puis, et cela n'a rien d'anecdotique, Olivier Masset-Depasse a eu la très bonne idée de reprendre l'actrice principale de son premier long métrage, l'excellente Anne Coesens. Dire qu'elle joue son rôle à la perfection est un euphémisme ! En résumé, ce film magnifique complète, dans un registre différent, le très beau "Welcome" de Philippe Lioret.