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FaRem
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3,0
Publiée le 28 septembre 2021
Après avoir causé la mort et surtout le déshonneur de son maitre, ce qui est beaucoup plus grave, en lui confectionnant une épée défectueuse, un homme cherche à réparer ses erreurs en créant le sabre parfait. "L'épée Bijomaru" est un film qui parle de vengeance et d'honneur, deux sujets communs que l'on retrouve encore très souvent dans le cinéma japonais actuel. Quand je parle de vengeance, il ne faut pas s'attendre à un film ponctué de nombreuses scènes d'action. C'est surtout un film sur l'honneur et sur le processus de création d'une arme avec ici une dimension spirituelle puisque toutes les épées ne se valent pas même si elles sont confectionnées de la même façon. Il faut lui donner une âme, ce qui n'est pas la chose la plus facile à faire. Œuvre mineure dans la filmographie de Kenji Mizoguchi, "L'épée Bijomaru" est tout de même un film plaisant à suivre même si la deuxième partie manque de puissance et pour le coup d'âme.
Scénario : un samouraï (qui a une fille qui manie le sabre), pour défendre son Seigneur, brise son sabre, ce qui le voue au déshonneur. Un autre samouraï voulant épouser sa fille finit par l'assassiner. Cette jeune fille va donc demander à un forgeron un sabre sans défaut pour venger son père : ce qu'elle fera elle-même.
Récit basé sur des actions d'honneur ou de déshonneur, typiquement japonais, finit pas lasser et bien que le film soit particulièrement court. Cette histoire de sabre sans défaut qui serait invincible est irréaliste. Par ailleurs, la réalisation, toujours lente et hiératique, n'est pas sans qualité esthétique, mais le film manque d'ampleur.
Qui était et comment filmait Mizoguchi avant de devenir "Dieu" (en gros au cours des années 50, quand ses films atteignirent une grandeur et une beauté qui ne semble pas de ce monde...) ? Voilà une question qui devrait tarabuster bien des cinéphiles nippophiles. "L'Epée de Bijomaru" apporte une réponse un peu surprenante, puisque, "effort de guerre" oblige, on y voit Mizoguchi glorifier les vertus traditionnelles de la virilité guerrière japonaise, les magnifier même grâce à des plans souvent stupéfiants de beauté et d'intelligence... soit un décalage criant par rapport à ses habituelles préoccupations humanistes et féministes. Un décalage complet ? Non, pas tout-à-fait, car le personnage le plus intéressant de "l'Epée de Bijomaru" est une femme, qui veille sur la fabrication du fameux sabre, et en devient l'âme, pour mieux venger finalement son père au cours du sempiternel combat final. Non aussi parce que Mizoguchi préfère s'attarder sur le travail obstiné des artisans qui forgent le fameux sabre, au détriment des personnages pourtant a priori plus flamboyants des ronins et des nobles courtisans de l'Empereur ou du Shogun. Au final, c'est sans doute la splendeur hypnotique de ces fameux plans (de combats, mais pas seulement) que retiendra le spectateur moderne, plus que la thématique du récit : c'est là que le génie absolu de Mizoguchi s'exprime déjà, même de manière encore parcellaire.