Banksy voulait que le film porte le titre "Comment vendre de la m... à des c...".
Faites le mur est le premier film réalisé par Banksy, artiste graffeur de réputation internationale dont personne ne connait l'identité et le visage. Ce dernier tient à garder son anonymat afin d’échapper à la police et aux médias. Lorsque sa mère a appris qu'il était Banksy, elle s'est déclarée déçue avant d'ajouter: "Eh bien si tu es graffeur, pourquoi n'as-tu jamais barbouillé la fourgonnette qui est tout le temps garée devant mes fenêtres ?"
Banksy a commencé par l'art de rue clandestin considéré comme un acte de vandalisme, avant d'être reconnu comme un artiste digne d'être exposé. De son aveu même, désormais, "[s]es graffiti contribuent à augmenter la valeur d’une propriété, plutôt qu’à la dégrader."
La démarche de Banksy était de "réaliser un film qui soit à l'univers du graffiti ce que "Karaté Kid" a été au monde des arts martiaux - autrement dit, un film qui pousserait les gamins du monde entier à prendre une bombe de peinture et à tenter leur chance."
Une photo anthropométrique de Banksy a été publiée dans la presse : "Il y a deux ou trois ans, un type s'est fait passer pour Banksy pour qu'on le laisse entrer dans une boîte de nuit de Shoreditch mais quand cela s'est su, il a été rejeté par tous les graffeurs. Ce n'est pas dans mon intérêt de commenter les photos de moi qui circulent un peu partout" , confie-t-il.
Banksy évoque ses malentendus avec les médias : "Quand je suis allé au Festival de Sundance, j'ai loué un mini-van pour pouvoir sillonner la région et faire quelques graffs. Avec un copain, on a dormi pendant une semaine sur un terrain pour caravanes, couvert de neige et envahi de Rottweilers. Je tentais de me réchauffer avec un minuscule radiateur électrique et je taillais mes crayons sur un lit pliant, entouré de crottes de chien. Une semaine plus tard, un journal du coin a décrit ma venue comme une "redoutable opération marketing".
Banksy a d'abord fait de la peinture, discipline dans laquelle il est plutôt doué. Si doué qu'il copie des tableaux de maîtres qu'il accroche ensuite chez lui : "Quand j'aime un tableau, je le prends en photo, je l'agrandis et j'en fais une reproduction. Parfois, j'en change les couleurs pour l'assortir aux rideaux", confie-t-il.
Être graffeur et travailler dans la clandestinité peut réserver des surprises, comme en témoigne Banksy: "A la Nouvelle-Orléans (...), j'ai peint sur la façade d'une boutique délabrée dans une rue jonchée d'épaves de voitures et de matelas pourris, mais deux heures plus tard, mon "œuvre" avait disparu... effacée ! J'avais peint sur le mur d'un repaire de dealers, et le propriétaire des lieux ne cherchait surtout pas à attirer l'attention."
A l'origine, Thierry Guetta, français installé à Los Angeles, quitte tout et décide de filmer les graffeurs afin de garder une trace de leur travail. Il rencontre Banksy qui lui conseille d'abandonner la réalisation pour pratiquer le street art. C'est finalement Banksy qui s'est retrouvé derrière la caméra.
Le graffiti est une technique de dessin de rue, dite "street art", qui a un état d'esprit bien particulier. Banksy nous expose sa philosophie : "Si vous exposez vos œuvres dans une galerie ou un musée, vous vous retrouvez en compétition avec des maîtres comme Rembrandt, alors que si vous peignez dans une ruelle, vous n’êtes en compétition qu’avec une poubelle !"
On a soupçonné le film d'être un vaste canular, avant sa sortie. Présenté aux festivals de Sundance, Berlin et Deauville, il a en outre reçu un accueil enthousiaste.