Un film qui démarre par une mise en abîme. Le film raconte d'abord comment est née l'idée de faire un film, qui deviendra tardivement ce qui nous est donné de voir. Un passionné d'art un peu barge se met en tête de filmer tout ce qu'il vit et se sert de ses relations pour suivre dans leur péripéties des artistes renommés dans le Street Art. Si certains répondent à une pulsion qui les amène à augmenter leur visibilité, sorte de complexe d'infériorité, et se contentent d'afficher leur signature partout où ils le peuvent, d'autres font un travail qui se définit complètement comme de l'art. Avec, souvent, un message politique, ou critique sur la société et le système de consommation, avec toujours un minimum d'humour. Cette discipline est légitime et cohérente : on critique le système spéculatif, on aime l'art, et on propose donc de l'art à tous gratuitement, puisque dans la rue. Le plus réputé et sans doute talentueux d'entre eux est un Anglais répondant du doux nom de Banksy. Refusant la gloire, il avance masqué, tel Daft Punk ou Assassin, arguant que seul son travail mérite de faire la une. Et, alors qu'on se dirige vers une seconde moitié de film pépère, on prend alors un virage à 180°. Le filmeur devient filmé, et Banksy s'improvise en réalisateur. Thierry Guetta, le Français maniaque du caméscope au début du documentaire s'improvise artiste en bâclant et reproduisant certaines œuvres d'artistes, en modifiant quelques couleurs ou en ajoutant juste deux ou trois coups de pinceau. Il manipule ses amis qui ont la crédibilité du Street Art pour faire monter le buzz, et organise une super exposition où people et presse se mélangent. Et puis, il se met à vendre ses "œuvres" à des prix à six chiffres. Bafoue la culture qu'il adoubait au début en faisant un travail à peine digne d'un bon copié collé et en le marchandant, là où le Street Art se veut non lucratif. Et curieusement, ce type porte le patronyme Guetta. Étrange coïncidence, à mettre en rapport avec le célèbre DJ, qui lui aussi était un passionné de son art avant de le mener vers sa destruction, après l'avoir dégradé et vulgarisé à l'extrême. Au final, ce film peut être considéré comme une œuvre de plus de Banksy, qui montre les dérives de l'art et la folie de certains collectionneurs qui en font les règles.