Je ne comprends pas comment ce film a t-il pu repartir bredouille des oscars, et surtout pourquoi Glen Close n'a pas eu son oscar ?
Albert Nobbs est le film le plus personnel pour Glen Close, un projet personnel ayant muri pendant plus de 30 ans, une implication émotionnelle et personnelle (co-scénariste, productrice, actrice principale) aurait mérité une reconnaissance tant le film est magnifique.
Au 19ème siècle, Albert Nobbs est un maître d'hôtel compétent et apprécié par sa patronne, ses sulbaternes et les clients de l'hôtel; mais Albert Nobbs a un terrible secret: c'est une femme et son plus grand rêve est d'ouvrir un magasin de tabac.
On aurait pu penser que c'est un film à l'effigie de Glenn Close mais pas vraiment.
Alors oui Glenn Close est magnifique, méconnaissable dans ce rôle. Elle interprète un personnage qui doit survivre dans un monde où les mentalités sont dictées par une doctrine sociale sévère et mensongère (voir le final), Glenn Close démontre sans problème une capacité de transformation physique (aidée par un maquillage simple mais complexe) et d'un jeu habité. C'est simple, c'est son plus beau rôle, elle est magistrale. Elle fait pleurer. Son personnage est mystérieux, même en se dévoilant (séquence vraiment touchante) il est impossible d'en savoir plus.
Ensuite Mia Wasikowska (interprétant Helen Dawes, une serveuse dont Albert Nobbs tombe amoureux), pour la première fois, elle joue un personnage à la fois soumis, agressif mais cherchant un soutien, elle est partagée entre son amour pour Albert Nobbs et Joseph (Aaron Johnson), elle semble dure à l'extérieur mais elle est d'une fragilité extrême (un rôle bien plus extrême que ses précédents travaux).
Aaron "Kick Ass" Johnson (interprétant Joseph Mackins) est hallucinant, loin de ses rôles de geek, de beau gosse, il joue un écorché vif qui a honte de son passé mais qui est constamment rattrapé par celui ci. Aaron Johnson est génial.
Mais le rôle féminin surprenant et impressionnant du film, avec Glenn Close, est Janet McTeer , une femme dont le physique est déjà impressionnant (1m85) mais méconnaissable en homme (elle semble vraiment être un homme); son personnage est un électron libre, un choc électrique pour Albert Nobbs, il va lui apprendre à vivre sa vie, le guidant dans sa recherche du bonheur.
Le scénario est sans surprise, quasi linéaire mais prenant (j'ai pas décroché du début à la fin), mêlant histoire d'amour à trois, sexisme, inégalité des chances et inégalité sociale, le film est très dur mais se permet des moments légers parfois doux, parfois bouleversants (les rendez vous entre Albert Nobbs et Helen sont drôles mais montre un vrai attachement de Albert Nobbs pour Helen), émouvant (Albert Nobbs qui revête pour la première fois des habits de femme) et poétique (Helen posant sa tête sur l'épaule de Nobbs tandis que la neige tombe).
Le film est réalisé dans la tradition d'un film classique (pas d'image tape à l'oeil, de plans de caméra fous) mais toujours au service d'une histoire simple, celle de quelqu'un qui veut vivre, exaucer son rêve et le vivre pleinement. Même si il n'est pas à en douter sur l'issue finale du film, on continue d'espérer que le rêve se réalisera.
Albert Nobbs est un film magnifique et émouvant, traitant de l'inégalité des chances dans la société, mais nous permet d'espérer sur un avenir meilleur (comme le suggère les dernières minutes du film).
Parmi les meilleurs films de l'année. Glenn Close aurait mérité l'oscar.