When boy meets girl plus creepy kid. John et Molly s’amourachent l’un de l’autre pendant une garden party. Mais un obstacle se dresse entre eux. Cyrus, le fils de 21 ans de Molly, n’a pas du tout l’intention de partager sa mère avec un intrus.
Dans la terminologie jetable du cinéma indépendant américain, le mumblecore (to mumble = marmonner) est un mouvement, si on peut l’appeler ainsi, caractérisé par une réalisation pseudo-amateur, des dialogues improvisés et mettant en scène des losers adulescents à la recherche d’une place dans la société, ou plus généralement en quête d’amour. Au même titre que Lynn Shelton (“Humpday”) ou Andrew Bujalski (“Beeswax”), Jay et Mark Duplass font partie des gourous auto-proclamés de cette nouvelle vague.
Depuis une dizaine d’année, les deux frères écrivent et réalisent de petites comédies sans grand intérêt et dont personne, hormis les équipes techniques et les amis de la famille, n’a entendu parler. Dans une tentative un peu vaine d’élargir leurs aptitudes limitées, les Duplass, appuyés par la filière indé du studio Fox, ont remplacé les habituels acteurs amateurs de leurs productions par un quator confirmé. Malheureusement, l’honorable chèque de la Murdoch Corp n’était sans doute pas assez conséquent pour couvrir les frais de réécriture.
Au cours d’une soirée organisée par des amis de son ex-femme, le dépressif John (John C. Reilly) recherche un coin de jardin à l’abri des regards. Au détour d’un buisson, en urinant sa Redbull Vodka, il fait la connaissance de Molly (Marisa Tomei). Après avoir échangé quelques regards complices et s’être ridiculisés en massacrant un tube de Human League, l’invraisemblable se produit. Mais le lendemain, comme lors de tous leurs rendez-vous suivants, John se réveille seul. A chaque fois, Molly s’évapore mystérieusement avant l’aube. Désireux de percer son secret, John décide de la suivre et découvre Cyrus, son fils de 21 ans, obèse et socialement déficient.
Molly n’est pas seulement un mère pour Cyrus mais également sa meilleure et sans doute unique amie. Ces deux-là entretiennent une relation à la limite de la pathologie. Chez eux, les portes sont toujours ouvertes, même celle de la douche. Si John n’était pas à ce point amoureux, il est fort probable qu’il appellerait les services sociaux. John parvient tout de même à se faire une place et emménage avec Molly et Cyrus. Méfiant à l’égard de l’homme-enfant depuis l’inexplicable disparition de sa paire de baskets préférée, John s’aperçoit très vite que Cyrus est maladivement jaloux et déterminé à récupérer l’entière attention de sa mère.
Cultivant ses clichés et ses faux-semblants mumblecore, la rom-com des frères Duplass peine à faire sourire. La faute à un trio amoureux particulièrement grotesque et dont l’alchimie, dès la première demi-heure, laisse dubitatif. On est en droit de se demander pourquoi le film a été étiqueté comme une comédie. Sans cesse entre deux eaux, le film aborde avec une décevante légèreté le complexe d’Oedipe en prostituant son postulat absurde de départ. Il aurait été intéressant de fouiller davantage le potentiel comique et symbolique du parricide. Incapable de dramatiser les conflits et trop attendris par leurs personnages, les frères Duplass concluent sur une maladroite note d’espoir. Cet optimisme conventionnel, perlant de bons sentiments, rend Cyrus anecdotique et terne. Aussitôt vu, aussitôt oublié.