Onze ans après le très cérébral mais aussi fortement poétique Les Ailes du désir de Wim Wenders, Hollywood décide de faire un remake de cette histoire féérique où un ange tombe amoureux d'une humaine. Enfin, c'est tout que cette refonte américaine retient du film de Wenders, délaissant toute la subtilité du sujet original, la beauté d'un noir et blanc justifié et les monologues intérieurs des personnages. Confié à Brad Silberling, qui n'a alors réalisé que l'adaptation de Casper le gentil fantôme, le long-métrage devient une romance fantastique classique qui, si elle reste bien foutue, demeure néanmoins dénuée de poésie... Car en dépit de sa mièvrerie on ne peut plus classique de toutes les romances impossibles, force est d'admettre que La Cité des Anges réussit à être un produit calibré, bien filmé, parfois drôle et touchant. Le casting trois étoiles y est aussi pour beaucoup, Nicolas Cage reprenant le rôle de Bruno Ganz (avec un peu trop de naïveté en revanche) tandis que Meg Ryan campe l'objet de son cœur, une chirurgienne un peu paumée. Cassiel, l'ange partenaire de Damiel dans le film original, est ici incarné par Andre Braugher et n'a qu'un rôle mineur a contrario de celui campé par Otto Sander qui occupait une place dans l'intrigue aussi importante que celle de Damiel. Dans l'ensemble, l'histoire reste pourtant identique à celle imaginée par Wenders et bon nombre de séquences sont conservées bien que montrées différemment à l'écran (les enfants pouvant voir les anges, la présence de l'ange devenu humain...). En revanche, oubliées les réflexions sur la transformation de l'Allemagne, sur le passé douloureux de la Seconde Guerre Mondiale et sur les réminiscences d'un pays non scindé par un mur séparatiste. Déplacé à Los Angeles, le remake se débarrasse du thème principal et ne se concentre que sur l'amour que porte notre héros ailé à cette humaine. C'est beau, certes, mais finalement peu original. Par ailleurs, malgré quelques effets spéciaux réussis, La Cité des Anges s'avère beaucoup moins réussi visuellement que le film d'origine, qui multipliait les trucages avec grâce et originalité et portait une indélébile trace de savoir-faire. Au final, encore un remake qui passe à côté de l'essentiel mais qui est sauvé par son casting (même si Nicolas Cage ne peut s'empêcher de nous livrer le temps d'une ou deux séquences le cabotinage qu'on lui connait) et de jolies images.