On connaît Soderbergh pour la qualité de sa mise en scène. "Contagion" ne déroge pas à la règle. Toujours dans le sens du rythme, donnant un montage nerveux, un style réaliste quasi-documentaire brigué de part sa technique d'une caméra à l'épaule aussi vertigineuse que possible, Steven Soderbergh orchestre un film apocalyptique sans en avoir l'air. Avec sa patte inimitable, il nous donne l'impression de partager le quotidien -et le point de vue- de personnes différentes : citoyens lambda, hommes de pouvoir, docteurs, infirmières courages, journalistes, pères, femmes, enfants... tous effrayés d'être rattrapés par la folle pandémie que subit la planète entière. Un script pour une histoire, et une histoire pour un film, telle est l'ambition du metteur en scène pour chaque métrage qu'il signe. "Contagion" reste pour l'instant dans les clous, pour un genre dont c'est sa première incursion. Steven aurait pu se vautrer, et pourtant, c'est grâce à cela que l'on s'accroche pour éviter cette infection. Oui, Soderbergh s'embourbe dans le genre pré-apocalyptique car on a l'impression de trop regarder un documentaire. Documentaire très bien réglé sur le sujet, car il s'est entouré des meilleurs conseillers pour organiser son film (docteurs d'université et consorts).
Et pour une fois, oui, Soderbergh oublie ses acteurs, et pas des moindres, pour tout miser sur son éclectisme. Dommage à Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Winslet, Marion la française, Jude Law, Fishburne, John Hawkes, et Elliott Gould (!!) qui font tout pour rattraper le graffeur Soderbergh. De plus, ce dernier s'entoure d'une pléiade de stars hollywoodiennes pour rentrer dans le conformisme hollywoodien. D'habitude, avec Steven, c'est plutôt l'inverse qui se passe : on sent les acteurs s'investir dans son projet ("Che", "Traffic", la saga "Ocean's"). Ici, nada ! Soderbergh fait sa star et se pavane pour nous expliquer son scénario. Piètre dédommagement.
De plus, la musique nonchalante n'arrange rien à cela puisqu'elle a l'art de nous prendre à contre-pied de nos sentiments et de nous balader un peu plus sur éclectisme de Monsieur le réalisateur. Navrant ! En plus, elle est lassante...
"Contagion" ou l'art de se faire embrigader par le roi Soderbergh. Par contre, si un jour le réalisateur fait une suite, il faudra aller la voir. Pourquoi ? Pour sa mise en scène ultra-réaliste certes, mais sincère.
Spectateurs, vaccinez vous de cette "Contagion"... expérimentale.
Accord parental souhaitable.