Une jeune femme rigole, semble s'amuser, touche un verre, son blackberry, son entourage...puis meurt à peine rentrée aux États-Unis. Ce qui semblait être un évènement peu intéressant va tout de suite prendre une tout autre tournure, quand le corps médical s'aperçoit que le nombre de morts similaires se multiplient en Chine, et finalement autour du globe. Un virus? Bien joué. Des plus virulents qui met l'avenir de l'humanité dans une position plus que délicate.
Rien de bien nouveau, nous en conviendrons. Mais quand c'est Steven Soderbergh qui s'en charge, évidemment, ça excite un peu plus. Le cinéaste va même à rebours du tropisme Hollywoodien, en se délestant de pas mal de passages obligés ou de figures héroïques tutélaires. Soyez prévenus, une bonne partie du casting fera les frais de la pandémie, et l'autre sera utilisée à contre-emploi. Des héros ? Il y en a si on peut dire. Ils n'échappent pas au commun du mortel, ils font ce qu'ils peuvent. Ils sont médecins, scientifiques, fonctionnaires, parents, hommes, femmes,...Ils n'ont rien d'extraordinaire, ils ne font rien d'extraordinaire. C'est la situation sans précédent qui transforme leurs actes quotidiens, d'un côté ou de l'autre de l'éthique ou de la morale. Bref, tout le côté trémolos et extravagant est mis de côté, ne demeure que l'essentiel. Effet pervers : on ne parvient pas véritablement à s'attacher à l'un des personnages, puisqu'ils vont et viennent et peu d'entre eux restent. À la rigueur, Matt Damon et Jude Law, qui chacun ajoutent de l'empathie et du relief à leurs personnages. Mais il faut avouer qu'un peu plus de chaleur humaine n'aurait pas manqué pour alléger l'aspect clinique de Contagion.
Pour le reste, c'est un sans-faute : le film est terrifiant. Glaçant dans son introduction qui a vite fait de créer la tension en calant l'objectif sur tous les vecteurs de contamination. Glaçant dans sa description méthodique des différentes stades transformant le fait divers en problème sanitaire mondial. Pourtant, le plus perturbant demeure peut-être l'essor de rumeurs ou fausses informations qui à la grâce d'erreurs de communications, contamine (voire tue) encore plus sûrement que la maladie elle-même (en langage informatique, ne dit-on pas qu'une information - vraie ou fausse - partagée devient virale ?). Comme métaphore, on ne pouvait faire plus simple et plus juste.
Soderbergh se garde bien de juger tel ou untel protagoniste, chacun sera tout à fait en droit de le faire.
Comme pour certaines catastrophes bien réelles auxquelles Contagion fait référence (le H1N1 par exemple), il y a une multitude de problématiques, personnelles ou collectives, sur lesquelles se connecte le script de Scott Z. Burns. Et force est de constater que chacune d'entre elles questionnent le citoyen face à sa responsabilité et celles des autres. J'aimerais également féliciter le travail mémorable de Cliff Martinez, entre le sons électroniques incessant et le piano, le compositeur livre une bande originale qui se fond si bien avec l'esprit du film qu'elle semble en devenir un personnage ou son décor même. Et le tout tient en 1h46, ce qui au vu du casting ou du sujet relève presque de la performance. Surtout que si on oublie la réserve sur le sort réservé à la plupart des protagonistes, c'est la durée juste parfaite. Bien suffisante pour faire peur.