Steven Soderbergh est bien connu pour alterner les projets ambitieux et à gros budget (Che, The Informant, Traffic) et les petits films d’auteur, sans oublier de se refaire avec des films commerciaux mais de qualité (Ocean’s Eleven, Erin Brockovich). Inclassable et un peu iconoclaste, il a multiplié les projets ces dernières années, livrant jusqu’à trois films par an par souvent au détriment de la qualité. Ce qui ne l’empêche pas de réunir des castings de dingue quand il remet le couvert avec un film de studio.
La preuve ici puisque c’est une star ou presque qui joue chaque rôle de ce récit, celui d’une épidémie qui part de Hong-Kong pour se répandre dans le monde entier comme un feu de brousse. L’OMS et les agences gouvernementales travaillent d’arrache pied, mais beaucoup moins vite que le virus qui décime la population à toute vitesse, créant un chaos général.
Le film épidémique est un grand classique, pas toujours pour le meilleur, mais souvent prenant pour ses inévitables effets anxiogènes. A l’heure ou l’on parle régulièrement de « contagion » en parlant de la panique financière, la parrallèle est évidemment intéressant. Soderbergh déploie donc avec son efficacité habituelle un film choral qui permet à la fois de suivre la course pour trouver un remède, et de vivre la crise à travers les yeux de la population. Plusieurs personnages, plusieurs visions d’une humanité en train de se déliter. C’est celui de Jude Law qui apporte un peu de profondeur et de perversité, dans son rôle ambigu de profiteur à moitié fou. C’est le seul qui semble en prise avec son époque et qui apporte une vision un peu tordue et très moderne de ce que pourrait être une épidémie générale à l’heure de Twitter et des blogs d’opinion. Car pour le reste, nous allons suivre des pères admirables, des médecins dévoués jusqu’à la mort, des experts supermalins, des chefs compétents et des civils apeurés. Le menu complet, classique et attendu de ce type de film, sans que jamais personne ne cherche à sortir des cases.
C’est efficace, indéniablement, et suffisamment anxiogène pour nous accrocher sur l’ensemble du film, d’autant que le prestigieux casting et les gros moyens mis en œuvre assurent le spectacle. Mais finalement un peu décevant car le film ne cherche jamais à pousser d’autres portes, à surprendre, à donner du souffle à son sujet. Panne d’inspiration ? Obligations commerciales ? Ou peut-être simplement les limites d’un ex-grand réalisateur, toujours habile et malin, mais décidemment plus très inspiré pour faire décoller ses films au dessus de la ligne de flottaison.