Après avoir été palmé à Cannes en 2011 avec son controversé mais au combien magnifique The Tree of life, Terrence Malick, qui nous avait habitués à plus de lenteur dans la conception de ses films, revient seulement 2 ans après avec A la merveille.
Le retour, encore une fois très attendu, de Malick en laissera certains perplexes, en émerveillera d’autres.
A la merveille, est une œuvre à part, comme toutes les œuvres de Malick. Celle-ci est peut-être la plus expérimentale. Elle suit, en quelque sorte, le chemin qu’avait pris l’Américain avec son précédent film, n’en déplaise à certains.
Le cinéma de Malick, on le connait, c’est ce qu’il fait qu’il est l’un des meilleurs réalisateurs vivants. Son style se distingue par un travail visuel assez important. Le réalisateur des Moissons du ciel et de La Ligne Rouge, entre autres, parvient par une mise en scène toujours très fluide et par des mouvements de caméra très élégants, à donner à ses images une grâce et une force rare. Il nous gratifie, encore une fois, d’une photographie magnifique.
Et sa mise en scène traduit toujours une sublime composition de plan, qu’il en fait un enjeu de mise en scène à chacun d’entre eux, d’un montage très conséquent, une improvisation des dialogues sous un fond partagé entre musiques classiques (par ailleurs toujours excellemment choisi) et le son naturel.
A la merveille ne déroge donc pas à la règle. Une poésie et un lyrisme toujours aussi présent. C’est un cinéma sensoriel auquel il nous convie, un cinéma du toucher, un cinéma de sensation. Un cinéma poète fait de la façon la plus simple.
Un manège amoureux que Malick filme toujours avec brio, porté par deux actrices de qui il en tire le meilleur. Olga Kurylenko est juste exquise et d’un charme fou et Rachel McAdams (que l’on ne voit que trop peu) est juste sensationnelle. C’est peut-être avec cette dernière qu’il tire le maximum de charme, d’émotion et de puissance dans son film.
Le film est une sorte de déclinaison lyrique de The tree of life, mais cette fois-ci axé sur l’amour. C’est cependant moins marquant et moins fort que ce dernier. Il faut admettre que cette nouvelle œuvre est la moins abouti et la moins conséquente dans la filmographie de notre cher Terrence. Et il semble prendre une tournure de carrière qui pourrait lui porter lui-même préjudice. Il est vrai que visuellement, A la merveille se rapproche beaucoup du style de The Tree of Life, mais il perd en force, qu’elle soit visuelle ou émotionnelle, faute à des acteurs moins impliqués (on pense notamment à Ben Affleck) et d’une narration moins riche.
En s'attachant à décrire l'universalité du couple, dans ses hauts et ses bas, Malick arrive à moins insuffler une vie ses personnages, n’étant que bien trop souvent les instruments de sa narration (mais de très beaux instruments quand même).
Il semble se fourvoyer dans un cinéma de plus en plus expérimental (des dialogues quasi-inexistants). Sa capacité à faire des images que lui seul sait faire rend toujours unique et de qualité ses films, mais en continuant comme ça, il risque de s’enfermer dans un cinéma moins fort, moins marquant et a fortiori moins plaisant et de donner au spectateur une impression de déjà-vu.
A voir ses deux prochains projets pour où tout cela l’emmène.