" Fast and Furious ", c’est la quintessence du cinéma pour mecs. Mais pas n’importe quels gars, ici on parle de l’adolescent gamer ou le roublard à capuche, consommateurs de pop corn et de hip hop, casquette vissée à la tête, même dans les multiplexes, qui se décroche la mâchoire à la vue de la première mini jupe moulante qui vient s’attirer la reconnaissance virile du mâle dominant. " Fast and Furious " fait donc carton plein dans les salles de banlieue et les centres commerciaux depuis plus de 10 ans, au même titre que les " Sexy Dance ", autre franchise typée.
Nourrissant tout un fantasme collectif, la saga " Rapide et Dangereux " est devenue en quatre films une référence commerciale, qui a développé de nombreux ersatz encore plus tarés (ah, l’incroyable "Torque " et sa surrenchère d’action paroxysmique) mais que beaucoup de gens n’ont jamais vraiment vue, pensant à juste titre que cette saga n’était pas pour eux. Trop jeune, trop animée, trop écervelée, trop bruyante, trop conne quoi. Alors que du côté des aficionados, on pense plutôt, trop bon, voire trop bonne.
Il aura donc fallu attendre cinq volets, cinq numéros pour que la franchise Fast and furious puisse enfin trouver ses marques et offrir un spectacle généreux qui donnera aux retardataires l’occasion de se faire violence et de rejoindre le bolide en marche. Carton planétaire, record movie aux USA pour un film sorti en avril, " Fast Five " est un extra-terrestre dans l’histoire du cinéma, car jamais auparavant un studio, en l’occurence ici Universal, n’avait octroyé de moyens à un numéro de série B aussi tardif, dans un genre adolescent aussi stéréotypé. Ce nouvel épisode a coûté 120 millions, contre 70 pour le précédent et l’on peut descendre en-dessous des 50 millions pour les premiers volets. Avec cet argent, " Fast and Furious " devient énorme, mélangeant au grand spectacle des films de super-héros, tous les éléments fédérateurs du buddy movie sur fond de braquage (impossible de ne pas penser pendant une trentaine de minutes - sans voitures ! - à " Ocean’s Eleven "). Avec un recul humoristique sur ses formules et un casting qui s’est épaissi au film des ans, le cocktail est explosif, bien que fatigant (mais c’est ce qu’on lui demande). Le cadre exotique est survitaminé, la cité de Rio, décidément très à la mode, accueillant quelques-unes des courses-poursuites les plus impressionnantes jamais montrées à l’écran.