Justin Lin rempile pour la troisième fois à la direction d'une franchise qui n'a jusqu'alors rien présenté de très convainquant, se jouant d'effets de mode, de bling bling. Il est par ailleurs paradoxale de voir ici ce même Justin Lin réalisé le meilleur opus jusqu'ici alors qu'il fût le maître d'orchestre des deux plus mauvais. En somme, un revirement pour le moins agréable alors que beaucoup n'attendaient plus rien des moteurs vrombissants et du duo Paul Walker et Vin Diesel. Personne n'avait sans doute pressentit que des scénaristes plus inspirés allaient mettre la main à la pâte et que la franchise allait s'éloigner des rodéos colorés, de la personnalisation auto pour mieux cadrer les activités criminelles, la réelle vocation des héros du moment.
Ici, les personnages de Brian et Dom sont encadrés d'un bon nombre d'autres interprètes déjà apparu lors des différents opus précédents, pour mieux divertir. En somme, l'on transpose chacun des personnages, ou presque, dans de nouvelles péripéties, ici exotiques puisque à Rio de Janeiro, Brésil. Notre team entend dès lors plumer le gros caïd du coin, c'était sans compter sur l'omniprésence de l'agent Hobbs, un dur à cuir qui ne baissent jamais ses gros bras, introduisant pour le coup The Rock alias Dwayne Johnson dans le franchise. Il reviendra par ailleurs, comme tous les personnages, dans le prochain sixième volet.
Fast and Furious fonctionne donc comme un Soap Opéra, une saga familiale, axée sur Dom, principalement. L'on apprécie dès lors le concept, les personnages étant meilleurs ensemble que chacun de son coté. Mais la force de ce cinquième volet réside finalement dans sa mise en scène, ou plutôt dans les idées originales qu'elle développe. Oui, aucun des quatre films précédents n'aura été aussi spectaculaire que celui-ci, alors que l'on se paie même là le luxe de ne pas faire de faux pas, visuellement parlant. Oui, le coup du coffre de banque accroché à deux bolides qui mettent à sac les rues de Rio, il fallait y penser, il fallait réfléchir sur les détails, mais il fallait surtout le mettre en scène. Honnêtement, cet opus corrige la trajectoire de la plus belle des manières. Si le film n'est certes pas un modèle du genre, il fait toutefois figure de puissant divertissement, réussi donc légitime.
Justin Lin, quant à lui, passe du statut de réalisateur foireux à celui d'excellent metteur en scène de films d'action. A quoi tient se revirement? Aucune idée et je ne cherche pas à comprendre, prenant simplement acte du fait que du haut de son cinquième volet, Fast and Furious est enfin devenu une franchise intéressante. Mieux vaut tard que jamais. 14/20