Treize ans d'attente pour ça ??! voir Avatar 2 "la voie de l'eau" au cinéma, cela en vaut-il la peine ?
Cela dépend sûrement de votre affection pour le premier film, de votre amour du cinéma, et des conditions pour le voir. Si vous n'avez pas aimé le premier film, en toute logique vous n'aimerez pas ce deuxième, qui est une caricature (en ultra pire) du premier. Si vous avez aimé le premier vous pourriez aimer le deuxième.
Les points négatifs :
- le surlignage permanent et le manque de profondeur :
De manière générale Cameron y va avec ses gros sabots, et le manque de subtilité se manifeste partout, que se soit dans la façon de raconter avec trop de tell au lieu de show (il dit au lieu de montrer), que ce soit sur les dialogues, sur les scènes d'action etc. Le film aurait eu besoin de tellement de finesse, de douceur, de poésie (tout juste effleurée par moment avec la nature). Car l'histoire essaye de faire dans l'intime en se concentrant sur la famille de Sully, mais cela ne marche pas du tout. D'autant que l'enjeu de l'histoire se focalise sur une très bête vengeance, alors que quelques scènes montre bien que l'on a un enjeu planétaire sous le nez. C'est un peu comme suggérer un gâteau aux fraises et crème chantilly mais ne proposer à la dégustation qu'une minable fraise.
Très clairement, c'est un film de transition, posant très doucement de petits indices pour la suite (trois films encore en prévision). Ce deuxième film peut se voir sans avoir vu le premier : il est un deuxième "acte", clôturé à la fin, qui cherche à ouvrir sur une saga. Mais qu'est-ce qu'on s'ennuie ! Car rien n'est développé correctement, tout est survolé. Même le peuple de l'eau reste sommaire dans son comportement et sa culture, malgré que le film leur consacre une heure. Et les mêmes choses sont rabâchées, encore et encore (les bêtises des enfants, les réactions des parents etc...).
- le scénario et les personnages en carton :
Le scénario, si on peut appeler ça comme ça, est une catastrophe. On dirait un scénario écrit sur un bout de napperon par un ado qui s'ennuie à un dîner. Alors ça va faire boum, et puis boum, et puis c'est moi le plus fort, ah non c'est moi.... Le manichéisme était déjà très présent dans le premier, mais là on en remet une couche méga épaisse. Pourquoi pondre une absurde histoire de vengeance là où il y avait tant à explorer ! Cameron aurait pu faire intervenir une troisième force dans le conflit par exemple, exploiter bien plus l'humain adopté par les Na'avi, nous parler plus longuement des scientifiques présents sur Pandora qui ne font que des apparitions etc.
Et comme si ça ne suffisait pas, on rencontre la famille Sully... Ses enfants, comme tout les personnages du film, sont d'une immaturité affligeante, ajoutée à une caractérisation stéréotypale très basique. Donc on se retrouve avec des dialogues et des scènes dignes de la récrée. Du genre "même pas cap" de faire ça. Le rapport parent/enfants, censé être le point central du film, au point même d'être crucial sur le déroulement final de l'intrigue, est complètement loupé. Sully joue un paternel arriéré, tellement autoritaire qu'il considère ses fils comme des soldats, et répétant à l'envi qu'un père c'est là pour protéger (et écouter tes gosses ça t'arrive ?). Les scènes de couples avec Neytiri sont sexistes, toujours des disputes où le gentil héros a toujours raison et où il doit calmer sa femme et la ramener à la raison...
- beaucoup trop long !
3H15 de film sans pause c'était vraiment trop long. Évidemment si le film avait été réussi dans le scenario, les dialogues, s'il y avait eu plus de profondeurs et moins de redites, si j'avais eu un vrai sentiment d'exploration de Pandora... bref si le film avait été réussi, je n'aurais pas trouvé le temps aussi long !
Les points positifs :
- La beauté du design, le travail de construction d'univers (bien qu'inachevé) :
C'est évident, le travail artistique sur le premier film était déjà énorme, il l'est encore sur cette suite. Le travail des textures de peau étaient parfait, tout le long du film j'ai eu le sentiment d'avoir des Na'avi en chair et en os. Et une fois rencontré le peuple de l'eau, on renoue enfin avec des moments féériques. C'est là aussi que se manifeste avec grâce le travail magnifique fait sur les décors, sur la faune et la flore, sur le design en général (aussi bien dans les objets mécaniques que dans le design des colliers et autres parures). Si la culture du peuple de l'eau n'est pas assez approfondie, elle est présente malgré tout, et j'ai beaucoup aimé le travail fait sur leur communication avec les animaux sous-marins. Cela mêle langue sous-marine un peu comme les claquements des dauphins, Na'avi et langue des signes.
Sur les scènes sous-marines aussi tout l'intérêt de la 3D se manifeste. Les poissons qui virevoltent, le travail des graphistes, c'était magnifique. Donc ces moments-là ok c'était chouette, mais on ne fait pas un film rien qu'avec ça.
-la communion et la défense de la nature :
Comme dans le premier film, Avatar me touche jusqu'au plus profond de mon âme sur sa vision d'un peuple en communion profonde avec la nature. Même si les Na'avi sont dotés de tous les stéréotypes modernes qui ne collent pas tellement au tableau, comme dis plus haut, il n'en reste pas moins que les voir vivre avec les animaux comme leurs âmes-soeurs, les voir être sincèrement bouleversés de la souffrance animale... Tout comme les voir rire du plaisir de nager avec eux, de partager leurs sens, de ressentir pleinement leur terre mère... C'est tellement réconfortant ! D'une certaine façon ça comble un besoin en moi, celui de m'aider à croire en une humanité capable de vivre en osmose avec la nature comme cela.
Conclusion :
Même si l'univers et le travail du design sont incroyables, même si la communion et la défense de la nature me touchent au plus haut point, Avatar 2 est un film aux défauts trop nombreux et trop pesant.
Je me demande si je ne l'aurais pas plus apprécié en 2D. En tout cas la première partie fut un calvaire, entre le visuel et le scénario, on pourrait presque tout couper avant la rencontre du peuple de l'eau ça n'aurait pas été du luxe. Le film est définitivement trop long, vraiment trop long, même les belles scènes finissaient par être lénifiantes. Surtout, j'ai rarement vu à ce point un film aussi manichéen et bas de plafonds dans 98 d des dialogues, on touche vraiment le fond. C'est d'autant plus triste qu'il y avait de quoi faire un film sensible, émouvant et intelligent, là où Cameron s'est contenté d'une même recette version déluge d'action décérébrée.