Visuellement hallucinatoire de beauté et de féérie aquatique, cet Avatar - La Voie de l'eau nous a donné l'impression d'être redevenu un enfant lâché dans un aquarium pour la première fois, muet par la fascination que produisent ces créatures bariolées qui semblent voler, indifférentes à l'agitation qui les entourent, formant un ballet au ralenti des plus poétiques... On aurait pu rester la journée à regarder encore et encore ces stupéfiantes images plus que réalistes (en IMAX 3D, la plus belle qu'on a vu jusque-là), redéfinissant pour les films à venir un critère de qualité à atteindre, à l'instar de l'effet "3D" propulsé par le premier opus en 2009. On aura aussi la chance (et la malchance, on va développer) d'obtenir ce film en HFR (High Frame Rates, soit un débit d'images plus rapide que le 24 images par secondes traditionnel, pouvant monter jusqu'à 120 images par secondes). Le résultat : une netteté d'image inédite, vous pourriez faire pause à l'improviste, que votre image serait toujours magnifique. Le défaut : notre œil n'est pas encore habitué, et cela donne un ressenti "trop fluide, accéléré" de l'action, d'autant plus pendant les scènes de combat, avec un final où quelques images ont été (à l'inverse) retirées pour équilibrer l'ensemble (résultat : on a des micro-sauts d'images très ponctuels, mais qui se remarquent si vous avez l’œil aiguisé), ce qui nous a complètement sorti du film pendant les combats. On a adoré l'alchimie parfaite de cette famille que l'on suit, les relations et les caractères de chacun qui sont dépeints avec une telle justesse qu'on s'y projette facilement (le père stricte, la mère émotionnelle, le grand frère protecteur, le cadet turbulent, la sœur adoptée qui vit un malêtre sur ses origines et la petite dernière qui compense par un sacré caractère), avec une comparaison de la famille de la Mer qui fonctionne bien aussi (basée sur la culture maorie), avec une morale respectueuse de la Nature poussée à son apogée (et cela fait un bien fou). Mais, puisqu'il y a un grand "mais", si l'on s'est laissé éberluer par le visuel, le scénario nous a en revanche beaucoup déçu. On ne compte pas les facilités narratives, sur 3h20, tant la liste est longue : on démarre tout de même sur une famille qui a vaincu une armée entière, mais qui fuit une poignée de mercenaires ("c'est parce qu'il y a les enfants à protéger, à présent", admettons...), on peut alors se dire qu'ils fuient pour préparer une riposte, mais non, seulement pour attendre bien gentiment de se faire cueillir (ce qui arrivera, impossible de penser logiquement que le Colonel ultra-rancunier va lâcher l'affaire...), ce qui nous fera surtout rire étant le discours de départ avec le chef du peuple de la Mer qui tient à "Mais vous allez apporter la guerre chez nous." / "Non." / "Ah d'accord, alors restez." (on a pleuré de rire face à l'inintelligence de ce peuple de la Mer, tout au long du film). Idem,
lorsque les tulkuns (baleines) se font attaquer, la seule proposition pour éviter la guerre qui leur fonce dessus (oh, tiens...) est de faire partir ces créatures au-delà du récif...là où les chasseurs sont.
On ne sait pas vous, mais nous, on commence à croire que le peuple de la Mer, qui accepte l'idée, n'est pas très futé. Aussi, on a beaucoup de flottements narratifs en cours de film : les Na'vis ne peuvent pas parler aux animaux,
mais aux tulkuns (baleines), si,
sans qu'on ne nous explique jamais pourquoi ces animaux-là en particulier (ils sont "sur-intelligents", certes, mais c'est un peu mince, on aurait plutôt voulu qu'on nous dise comment les deux espèces ont réussi à communiquer ensemble). Idem
la loi sur la non-violence de ces créatures aquatiques est absurde (elles se laissent décimer, alors qu'elles ont apparemment un cycle de reproduction lent...), simplement pour caser au forceps de la pitié sur le "banni". Aussi, le nouveau Colonel est un personnage qui a viré de bord, versant dans la sensiblerie envers son fils (ce qui ne lui va pas du tout au teint)
, tandis que ledit fils a l'arc narratif le plus incompréhensible du film (il est toujours dans un entre-deux vicieux :
il sauve le méchant - mais pourquoi ?!! - et revient quand même vers la famille qui était prête à le sacrifier et se fiche visiblement de son absence...
), avec en cerise sur le gâteau un discours paternaliste assez imbuvable : "le père protège, c'est sa fonction." Mesdames, bon courage pour regarder ce film sans lever les yeux au ciel devant les gros bras, les femmes en retrait (
seule la mère se bat à la fin, et encore : on aurait préféré mille fois que le duel se fasse entre le Colonel et elle
), et ce mantra du père protecteur agaçant. Parce qu'on y a longuement réfléchi, on y va de notre petite théorie sur l'origine de Kiri (meilleur personnage de ce volet, on le dit franchement) : on pense qu'elle
a été formée par Eywa (l'esprit de la Nature) via Grace (un indice dans le nom ?), ce qui expliquerait le lien qu'elle a avec la Nature, avec Eywa (une véritable messie, l'excuse du trouble mental n'est donné que pour nous persuader de l'inverse) et le fait que l'esprit de Grace ne réussisse pas à lui donner de nom du "père" dans sa vision...
Enfin, on verra bien dans la suite, mais on espère vraiment ne pas se tromper, car ce personnage nous a beaucoup intrigué. Pour conclure sur cet Avatar deuxième du nom, on est ressorti avec des étoiles (des poissons) plein les yeux, mais ayant essuyé un scénario maladroit. Un enchantement pour les pupilles, collées à la vitre de ce sublime aquarium.